Séquence Frigide Barjot sur NRJ12 : « Je/nous n’avons jamais été contre le mariage gay ! »

Ce mardi 20 octobre, NRJ 12 proposait le premier numéro de Face à France, présentée par Jean-Marc Morandini. Un programme imaginé à l’origine par Thierry Ardisson et lancé en 1987 sur la Cinq. Et, parmi les invités pour inaugurer ce nouveau rendez-vous hebdomadaire, avec l’humoriste Jean-Marie Bigard et Enora Malagré, chroniqueuse de l’émission Touche pas à mon poste (D8), Virginie Tellenne, alias Frigide Barjot, ancienne égérie de La Manif pour tous, pour répondre « aux questions des Français » sur son action très contestée.

Déplorant avoir blessé la communauté LGBT, elle a tenté de justifier son discours qui repose, selon elle, essentiellement sur la filiation biologique.

Le sens du paradoxe : A l’époque, Frigide, qui ne l’était pas… c’était la légèreté, la dérision… sauf qu’après 25 ans de présence médiatique, le discours a un peu changé. Et, si elle galvanisait les foules, elle n’aura pas manqué de se mettre du monde à dos.

Les médias s’acharnent ? Elle est expulsée de son logement, son beau-frère, Karl Zéro ne veut plus lui parler… Frigide pleure sur les plateaux. On commence par faire l’amour avec deux doigts, et on finit par danser avec des curés à Saint-Tropez.

 » Les français ont des choses à vous dire, ils vont vous poser des questions. « 

Morandini : Vous sortez un livre, sous le nom de Virginie Tellenne.

Frigide : C’est mon vrai nom… et avec le temps qui nous emmène jusqu’aux élections présidentielles, ce nom est celui de mon vrai engagement. Maintenant que la Loi Taubira est passée, ce livre raconte la suite du mouvement…

Morandini : Frigide c’est fini, on l’a sali ?

Frigide : Nous avons vécu une année 2013 extrêmement violente, et c’est vrai que la personnalité médiatique que j’étais, et qui s’est donnée entièrement à un mouvement… qui, je tiens à le redire… « Je n’ai jamais été, nous n’avons jamais été contre le mariage gay ! » Et je viens vous apporter la preuve avec ce petit livre, « Touche pas à mon sexe », le premier que j’ai « commis », contre le « Mariage »… mais c’est le mot « Mariage »… et « mariage » gay, on est d’accord.

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Morandini : J’ai le sentiment quand même que si vous changze aujourd’hui de nom, c’est que vous estimiez que vous avez été salie et que ce nom, vous l’avez sali vous même par vos prises de positions.

Frigide : Ah non, pas par mes prises de positions, qui sont d’ailleurs résumées dans mon petit livre rose… Est-ce qu’on peut-être contre la Loi Taubira et pour le mariage gay ?

Morandini : Tous ces gens que vous avez mis dans la rue, quand même… vous avez vu cette homophobie qui circulait ?

Frigide : Il n’y avait aucune homophobie… Nous avons demandé une chose, c’est que cette loi soit suspendue, parce que… à la bonne et juste demande qui était d’égaliser les couples, d’égaliser les orientations, et bien, il y avait dedans un changement de filiation, qui change la généalogie humaine… et qui permet l’ouverture de la procréation artificielle.

Morandini : Votre mouvement a quand même créé beaucoup de violence, beaucoup de haine…

Frigide : Non, la loi a créée de la violence…

Morandini : Non, vous savez que c’est vous ?!

Frigide : Pourquoi ? Moi, j’ai jamais agressé personne.

Morandini : Vous étiez porte-parole, vous avez excité, vous avez réuni autour de vous plein de gens haineux… il y avait des gens calmes, mais il y avait des haineux. Il n’y a jamais eu autant d’actes homophones que quand vous avez lancé ce mouvement.

Frigide : Il n’y avait aucune haine dans nos manifestations. Nous avons lancé le mouvement en novembre 2012, contre ceux qui, au nom de leurs convictions religieuses, refusent la réalité même de l’homosexualité, les personnes homosexuelles… et évidemment, a fortiori, le couple homosexuel et son union.

Comment le panel de français, présent sur le plateau, a t-il perçu la manif pour tous ?

Coco (homosexuel et pacsé avec son compagnon) : J’ai pas apprécié votre mouvement, je suis désolé de vous le dire en face. Je suis personnellement contre le mariage, mais pour moi. Je suis content pour les autres. Je suis d’ailleurs organisateur de mariages donc, ça ne me dérange pas. Mais je pense que vous avez suscité et attisé l’homophobie chez les gens, qui peut-être toléraient pourtant l’homosexualité. Maintenant, il y a vraiment une recrudescence d’agressions. J’ai des amis qui se sont fait insulter et agresser dans la rue… et je pense que vous avez soulevé des foules pour rien.

Frigide : Je condamne, ici devant vous, toutes ces insultes, tous ces actes…

Coco : Le mal est fait !

Frigide : Le mal est fait mais il n’était pas de mon fait, il n’était pas de notre fait ! Il était du fait que le Président de la République a lancé une loi, qui allait au-delà de l’union et de l’égalité des droits.

Coco : Mais, qu’est-ce que ça vous a apporté Madame aujourd’hui ?

Frigide : Mais, notre conscience devait être respectée. La conscience de millions de français. Il faut que vous sachiez que le 3 janvier 2013, avant même la grande première manifestation du 13 janvier, « archi » pacifique, où « les personnes homosexuelles marchaient avec les familles », tout le monde était réuni, vraiment dans la joie… après, les médias…

Morandini : Ce ne sont pas les médias, c’est ce qui s’est passé. Ne mettez pas en cause les médias. Il y a eu de la violence, il y a eu des propos homophobes. Ce n’est pas « à cause » des médias. Il y avait des slogans homophobes dans vos manifs.

Frigide : Non, pas dans nos manifs, parce que le vrai slogan homophobe c’était « nous sommes tous des enfants d’hétéros ». Ça c’était scandaleux. Et c’était le slogan de Civitas.
On m’a sorti des banderoles homophobes contre l’union civile… et bien, je me suis retirée.

Morandini : C’était trop tard, l’homophobie était déjà dans l’air !

Frigide : L’homophobie c’est à nous de la faire redescendre…

Morandini : Après l’avoir fait monter ?

Zoé (mère de famille) : Je n’ai pas du tout compris ce mouvement. Et en fait, ce que je comprends pas c’est que vous dites que, vous préférez que les couples homosexuels n’acceptent pas la parentalité comme ils en ont envie parce que ça va poser des problèmes de filiation ? Du coup, ça veut dire que vous êtes pour que les couple stériles n’aient pas droit à la PMA, à l’adoption, d’adopter des enfants nés sous « X » ? Là aussi il y a des problèmes de filiation et pourtant ces couples ont le droit d’accéder à la parentalité.

Frigide : Ça ne change rien pour les personnes qui sont stériles. Et, ça ne change rien d’ailleurs dans les droits d’éducation des personnes homosexuelles, qui évidemment ne peuvent pas faire d’enfant entre elles.

Yeb (est contre le mariage pour tous) : Contrairement aux autres, je suis tout à fait d’accord avec Madame Tellenne, dans le sens où l’on touche à une institution sacrée. A la base, c’était un sacrement entre un homme et une femme.

Frigide : Pas dans la société civile…

Yeb : On est en France, on se doit d’être tolérant okay. Par rapport à ça, je ne suis pas contre « leur union ». Mais on touche pas au mariage et surtout au lien de filiation.

Morandini : Il y a des homosexuels autour de vous Yeb ?

Yeb : Oui, à la fac… j’en vois souvent, après… même en dehors de la fac.

Morandini : L’homosexualité vous l’admettez ?

Yeb : De toute façon, elle est là, elle est présente…

Frigide : Très bien… c’est un fait, c’est une réalité.

Morandini : Enfin, ce qu’il dit c’est « qu’elle est là », et qu’on est « obligé » de faire avec… c’est ça ?

Yeb : Bhun, oui que voulez-vous que je vous dise ?

Frigide : Yeb a une confession musulmane, j’ai une confession catholique… la problématique c’est celle des religions face à l’homosexualité… L’homosexualité est un mystère de Dieu.

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Du côté des réseaux sociaux ?

Pas un seul tweet de positif. « Tous sont contre vous », explique le chroniqueur de l’émission.

« Barjot s’est achetée une nouvelle conduite sur le bon coin, pas chère. »
« Mouais… Elle a du mal à se justifier et changer de nom, c’est un peu facile. »
« Vous avez retiré votre veste sur le plateau mais ça ne suffit pas. »
« Elle va pas réussir à retourner sa veste aussi rapidement. »
« Frigide Barjot : Je n’ai jamais été contre le mariage gay. La bonne blague. »

Frigide : Le « mariage gay », c’est une union égale, avec les mêmes droits, surtout maintenant qu’il y a la loi Taubira… J’en profite pour le dire aux gens qui font comme si elle n’était même pas passée. Il y a un mariage homosexuel, il faut d’admettre aujourd’hui. Et, nous le disions déjà. Nous avons toujours demandé une union civile et c’est dans nos premiers tracts. Je l’avais demandé au Président de la République. Mais, il ne faut pas que les enfants soient adoptés, parce qu’ils sont faits par PMA ou GPA.

Morandini : Homosexualité et religion… Vous avez vu qu’il y a un prêtre qui dit qu’il était homosexuel cette semaine, et qu’il vivait avec son ami.

Frigide : Ce prêtre, qui est d’ailleurs Monseigneur même… pour moi qui suis catholique, quand on est prêtre, on a pas de sexualité. On l’a donné à Dieu.

Morandini : Vous croyez ça ?

Frigide : Évidemment, sinon je serais pas « l’attachée de presse de notre Pape François ». On ne peut pas être en couple quand on est prêtre. C’est le célibat des prêtres qui est en jeu. On mélange les problèmes.

Morandini : Il aime un homme. Donc, il faut le sortir de la religion ?

Frigide : Pas parce qu’il aime un homme. Il a choisi son ami, son amour… humain par rapport à l’amour du Christ.

Morandini : Donc Catho et homo…

Frigide : Mais bien-sûr… où sont les cathos homos ? En même temps, on ne devient pas homo parce qu’on est catho.

Morandini : La religion catholique ne reconnait pas l’homosexualité.

Frigide : Oui mais, nous sommes les fidèles, et nous vivons dans la société laïque. La religion, qui est la « parole de Dieu » dit, l’homosexualité est inadmissible car elle ne donne pas la vie. Pour donner la vie, il faut un homme et une femme. Et ça nous y croyons et nous voulons… avec Yeb, sur l’acte de naissance. Y’a même des non-religieux qui pensent comme nous… Et deux homosexuels peuvent élever des enfants en les ayant avec une femme…

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