L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), en collaboration avec Ipsos, vient de publier ce mercredi 13 novembre une nouvelle édition de l’étude sur le « Contexte des Sexualités en France ». Près de deux décennies après sa première édition en 2006, cette enquête, réalisée auprès de 37 000 personnes âgées de 15 à 89 ans résidant en France métropolitaine et dans les territoires d’Outre-mer, met en lumière les transformations majeures des comportements sexuels, des perceptions sociales et de l’acceptation de l’homosexualité dans la société française.
Des rencontres en ligne plus courantes et des différences de partenaires selon le genre
L’étude révèle que les hommes français déclarent en moyenne deux fois plus de partenaires sexuels au cours de leur vie que les femmes. En parallèle, l’évolution des comportements de rencontre est frappante : plus d’un tiers des répondants de moins de 40 ans ont rencontré au moins un partenaire en ligne, un phénomène encouragé par l’essor des technologies numériques, qui redéfinissent les pratiques sociales et amoureuses.
Acceptation de l’homosexualité : des progrès limités et des paradoxes
Bien que l’acceptation de l’homosexualité ait progressé depuis 2006, elle demeure relativement faible. En 2007, 47 % des hommes et 59 % des femmes considéraient l’homosexualité comme une sexualité « comme les autres ». En 2023, ces chiffres n’ont progressé que d’environ dix points, laissant près d’un homme sur deux et une femme sur trois percevoir encore l’homosexualité différemment de l’hétérosexualité.
Paradoxalement, cette hésitation coexiste avec une forte augmentation des « expériences homosexuelles ». En 2023, 8,4 % des femmes et 7,5 % des hommes interrogés rapportent avoir eu au moins une relation avec une personne de même sexe, soit environ le double des chiffres de 2006. Parmi les 18-29 ans, ces proportions atteignent 14,8 % pour les femmes et 9,3 % pour les hommes, ce qui témoigne d’une plus grande ouverture aux expériences sexuelles diversifiées dans les jeunes générations.
Selon l’Inserm, ces pourcentages pourraient même sous-estimer la diversité réelle des orientations sexuelles. Environ 22,6 % des femmes et 14,5 % des hommes se définissent comme « non strictement hétérosexuels », incluant des attirances, des pratiques ou une identité qui s’éloignent de l’hétérosexualité stricte.
Un recul de l’activité sexuelle chez les jeunes célibataires
L’étude observe également un recul de l’activité sexuelle chez les jeunes célibataires de moins de 30 ans. En 2006, 58,2 % des jeunes femmes et près de 70 % des jeunes hommes célibataires déclaraient avoir eu un rapport sexuel au cours des douze derniers mois. Aujourd’hui, cette proportion est d’environ 51 % pour les deux sexes, signalant un recul significatif.
Il reste à déterminer si cette baisse est due à une diminution réelle des relations sexuelles ou à une redéfinition des attentes et comportements des jeunes, qui adoptent peut-être une approche plus diversifiée des relations et de la sexualité.
Une sexualité active qui perdure dans l’ensemble de la population
Malgré cette baisse observée chez les jeunes, la majorité des Français continuent de mener une vie sexuelle active, même aux âges les plus avancés, comme le souligne l’Inserm. En définitive, cette étude met en lumière une société en pleine évolution, influencée par les nouvelles technologies, les transformations culturelles et un questionnement croissant sur les perceptions de la sexualité.
Si les chiffres montrent encore une certaine résistance sociétale, cette étude interroge sur les progrès nécessaires pour une reconnaissance plus large de la diversité des sexualités en France.