L’arbitre de Super League Pascal Erlachner fait son coming-out : une « première dans le football d’élite en Suisse »

Ce n’est pas une « surprise », ses amis et collègues le savaient, « oui, je suis homosexuel, et alors? » a confié, ce dimanche 10 décembre, dans une interview fleuve au quotidien Blick, Pascal Erlachner, 37 ans, actuel arbitre de Super League et en charge de matchs de Challenge League depuis 2010. « Un événement sans précédent dans l’histoire du football d’élite helvétique », a réagi la presse suisse.

Il ne s’en était jamais caché et s’affichait ouvertement avec son compagnon, mais hésitait à l’évoquer publiquement. « Pour moi et mes proches, mon homosexualité est juste normale. Je suis solide, comme ma relation, et j’ai la chance d’avoir une famille géniale, tout un environnement formidable », poursuit-il, en soulignant par ailleurs qu’il vit également avec son ami, chez ses grands-parents à Wangen, en Alsace. Et puis, « je suis très à l’aise parmi mes excellents collègues. Et ceux qui m’aiment ou m’apprécient, le font pour ce que je suis. »

Il lui aura néanmoins fallu un « travail de persuasion », dit-il. C’est encore un « énorme tabou », et il y a beaucoup de personnes « qui souffrent que l’homosexualité soit ainsi étouffée. Surtout dans le football. Alors, si seulement un seul joueur ou arbitre trouvait du soutien dans mon témoignage, cet engagement aura porté ses fruits », insiste le jeune homme, qui souhaite vivement « stimuler la discussion ».

« J’ai souvent fait mine d’ignorer les blagues tendancieuses dans les vestiaires, qui m’attristaient surtout mais je m’y suis finalement habitué. Et pour ne pas attirer l’attention, je me suis pratiquement construit une seconde vie. C’était épuisant. Mais si vous ne parlez pas d’un sujet, on est dans une impasse. Et la stagnation, c’est la régression », poursuit-il, espérant toutefois ne pas être désormais « traité différemment » ou s’entendre dire : « Ah voilà Erlachner, l’arbitre gay ».

« Je me réjouis donc des prochains matchs et j’essaierai d’y faire respecter les règles comme elles sont écrites ». En cas de dérapage, « ce sera le carton rouge ! Il n’y a pas de place pour l’homophobie, le racisme, le sexisme, ou toute autre forme de discrimination et d’exclusion », insiste-t-il, rappelant qu’il y avait encore malheureusement aujourd’hui « des gens qui considèrent l’homosexualité comme une maladie et qui veulent guérir les homosexuels. Même en Suisse, la pression est énorme, avec un taux de suicide chez les adolescents LGBT toujours plus élevé que chez les hétérosexuels », en raison notamment de la violence et du harcèlement qu’ils subissent.

Il reconnait enfin, lorsqu’on lui pose la question, avoir dans son entourage des amis et joueurs gays, « bien évidemment », s’amuse-t-il, mais « ce n’est pas à moi de rendre cela public. Chacun décide de la manière dont il veut gérer sa vie. Mais quand quelqu’un me demande conseil, je raconte volontiers mon histoire. J’ai réalisé qu’en faisant ça je pouvais potentiellement aider les autres. »

La chaîne de télévision publique suisse SRF lui dédie un documentaire, qui sera diffusée ce 21 décembre.

Valentine Monceau
stophomophobie.com