Réunie en assemblée, ce samedi 16 novembre à Strasbourg, l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine (UEPAL) a adopté (par 36 voix contre 13) un texte autorisant les pasteurs qui le souhaitent à bénir des couples mariés de même sexe.
L’UEPAL rappelle que, dans le protestantisme, le mariage n’est pas un sacrement, mais « un contrat humain et social » passé à la mairie, qui ensuite peut recevoir une bénédiction de « ce projet de vie ».
Ainsi, lorsqu’un couple marié de même sexe veut placer son alliance devant Dieu et sollicite une bénédiction, le pasteur, en accord avec son conseil presbytéral, répondra de manière favorable ou orientera le couple vers une paroisse ou un pasteur susceptible d’accueillir la demande.
Le texte affirme ainsi que la décision de bénir des couples mariés de même sexe relève des « adiaphora » (éléments non essentiels de la foi chrétienne) et non du « status confessionus » (éléments essentiels de la foi chrétienne). Elle n’est pas une question fondamentale qui remet en cause la confession de l’Evangile de Jésus-Christ, et ne devrait donc pas être un élément de division dans l’Eglise.
« C’est une caractéristique du protestantisme d’être ouvert à des situations nouvelles et de se confronter aux questions que la société met en avant », a souligné Christian Albecker, président du Conseil de l’UEPAL.
« Les tensions entre une compréhension normative du texte biblique et son application à une société en évolution ont jalonné le christianisme depuis ses débuts. Les questions symboliques et théologiques que soulève la bénédiction des couples mariés de même sexe sont certes importantes – elles ont fait l’objet d’une étude dans l’UEPAL depuis une quinzaine d’années – mais ne sauraient occulter l’essentiel du christianisme, à savoir une même foi dans le Christ vivant », a-t-il défendu.
La question avait déjà été abordée en 2014 par l’UEPAL mais n’avait finalement pas été tranchée du fait d’avis trop divergents. Tandis que l’Eglise protestante unie de France (EPUdF), principale Eglise protestante en France, avait donné son feu vert dès 2015, laissant également libres ses pasteurs de procéder ou non à ces bénédictions, ce qui était une quasi-première dans le paysage religieux français à l’époque et avait alors suscité des remous dans le protestantisme français.