Le Canada envisage d’accorder « un pardon » aux homosexuels condamnés pour leur orientation (VIDEO)

Le gouvernement fédéral envisage de réviser les dossiers d’hommes condamnés et détenus de façon préventive pour « homosexualité » ou « grossière indécence » et « sodomie » avant 1969 et la réforme du Code criminel, menée par Pierre Elliott Trudeau, le père de l’actuel premier ministre.

Citant notamment l’affaire « Klippert », qui avait été portée jusqu’en Cour suprême, le bureau de Justin Trudeau annonce également son intention de recommander des « pardons » à titre posthume, en vertu d’une « prérogative royale », un pouvoir discrétionnaire basé sur un droit traditionnel de la monarchie britannique d’accorder la clémence.

Everett Klippert, « victime de son orientation sexuelle  », a passé quatre ans en prison après sa première condamnation à Calgary en 1960, puis trois autres dans la foulée, après une seconde sentence pour « homosexualité » dans les Territoires du Nord-Ouest en 1965. La Couronne avait réclamé qu’il soit déclaré « délinquant sexuel dangereux » afin d’assurer les prolongations en réclusion. Une désignation contestée sans succès.
Everett Klippert a finalement été libéré de prison en 1972. Il est mort en 1996 à l’âge de 69 ans.

Selon Ottawa, si la plus haute cour de justice du pays avait finalement rejeté l’affaire en 1967, « Everett Klippert a contribué à la décision du gouvernement, un an plus tard, de décriminaliser les actes d’homosexualité entre adultes consentants ».

Les détails des révisions devraient être dévoilés dans les prochains jours.

« Quand on passe une vie à se faire traiter de pervers, de pédophile, quand on passe sa vie à être mis au ban, je pense que le minimum qui peut être fait au nom du gouvernement canadien, c’est de présenter des excuses », a déclaré Steve Foster, président de la Chambre de commerce LGBT du Québec, dans un entretien à Radio-Canada.

Il estime que les militaires et les fonctionnaires congédiés pour ces mêmes raisons, avant que la loi change en 1992, devraient également bénéficier de ces excuses et réhabilitations. Une demande déjà formulée l’année dernière, à laquelle le gouvernement Harper n’avait pas donné suite. L’occasion de relancer l’initiative auprès du gouvernement de Justin Trudeau, qui semble s’impliquer sincèrement sur ces questions.

Le chef du gouvernement canadien a d’ailleurs confirmé sa présence « au défilé des fiertés LGBT » de Toronto, le dimanche 3 juillet prochain, avec d’autres personnalités politiques : historique pour un Premier ministre en exercice. Et, le 24 février dernier, il a activement participé à la « Journée du chandail rose », pour dire non à l’intolérance et favoriser l’inclusion : « Portez du rose afin de montrer votre appui à la lutte contre l’intimidation… C’est un exemple parfait de l’impact que l’on pourrait avoir lorsque l’on s’unit en encourageant d’autres à contribuer positivement au changement ».

« Nous savons tous que l’intimidation peut poser un problème majeur. Les mots font mal et peuvent entraîner des séquelles physiques et émotionnelles », ajoute Monsieur Trudeau, en adressant un message de soutien à toutes celles et ceux qui se sentent isolés ou persécutés : « Vous n’êtes pas seuls, vous êtes aimés ! Nos différences sont une force… S’ouvrir aux autres également. C’est être Canadiens. »

Terrence Katchadourian
stophomophobie.org