Déjà condamné à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’agressions sur mineur, dans le cadre de l’affaire Preynat, avant un jugement en appel le 28 novembre, le cardinal Barbarin est aujourd’hui accusé de harcèlement par un ancien séminariste.
Dans une longue enquête publiée ce mercredi 20 novembre par L’Obs, Benoît Quettier, raconte ainsi comment le primat des Gaules l’a d’abord pris sous son aile avant de tout faire pour l’écarter de l’Église, au point de le faire tomber en dépression.
« Barbarin a justifié de mon renvoi en expliquant que j’étais homosexuel, et a déclenché ma décision de produire un recours aux prud’hommes ! »
Ces accusations ont été démenties par les avocats du cardinal Philippe Barbarin, dans un communiqué transmis à l’AFP ce mercredi. Mes André Soulier et Jean-Félix Luciani « regrettent » la parution de cette enquête de L’Obs, qu’ils jugent « abracadabrantesque ».
De son côté, l’avocat de Benoît Quettier a rédigé un mémoire de 12 pages qui a été transmis à la Commission indépendante sur les Abus sexuels dans l’Eglise (Ciase), créée il y a un an. En décembre 2006, le jeune homme intègre avec son frère Romain le séminaire Saint-Irénée. Ils sont tous les deux vite repérés par le cardinal, qui invite régulièrement Benoît Quettier chez lui.
Invité le soir par le cardinal, ce dernier lui pose des questions « d’ordre sexuel » et aborde régulièrement le sujet de l’homosexualité. Selon l’ancien séminariste, de nombreux prêtres et maîtres du séminaire lui ont fait des avances. « Mais j’étais hétéro, c’était bien ça le problème. Et c’est pour ça que j’ai été viré », affirme-t-il.
Les relations se sont ensuite dégradées au fil des ans. « Le cardinal et ses proches ont organisé un harcèlement constant contre Benoît, on l’a humilié et sanctionné minutieusement. Et puis on a différé son ordination pour pouvoir m’ordonner d’abord et le virer ensuite », déclare son frère.
Aujourd’hui marié, Benoît Quettier se dit prêt à tourner la page, conscient que l’affaire ne sera sans doute jamais jugée car prescrite. « J’aimerais simplement qu’il me demande pardon pour ce qu’il m’a fait. Non pas publiquement, mais en privé », affirme l’ex-séminariste. « C’était non seulement du harcèlement moral, mais aussi du harcèlement sexuel », ajoute-t-il.