Le Festival de cinéma latino-américain s’est ouvert à La Havane ce jeudi 8 décembre sur fond de polémique autour de la censure d’un film évoquant « l’intolérance » du régime de Fidel Castro vis-à-vis des homosexuels.
Second long-métrage du Cubain Carlos Lechuga, 33 ans, « Santa et Andres » a été exclu de la compétition par le tout puissant « Institut cubain des arts et de l’industrie cinématographiques » (Icaic), dont le directeur, Roberto Smith, a invoqué « une question de principe ». Le film présente « une image de la révolution qui la réduit à une expression d’intolérance et de violence contre la culture et fait un usage irresponsable de nos symboles patriotiques et de références inacceptables envers le camarade Fidel », décédé le 25 novembre dernier, a-t-il justifié dans un communiqué.
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Cette fiction est inspirée de la vie du poète Delfin Prats (71 ans) et d’autres intellectuels homosexuels tels que Virgilio Piñera (1912-1979), qui avaient été interdits de publier et de mettre en scène leur art pendant le « quinquennat gris », notamment marqué par le musellement des artistes entre 1971 et 1976.
L’exclusion « Santa et Andres » a provoqué ces derniers jours de nombreux débats sur les réseaux sociaux, entre Roberto Smith et le vice-ministre de la Culture Fernando Rojas, qui ont dénoncé le parti pris de l’œuvre, tandis que le metteur en scène a répliqué en se déclarant fervent « patriote, qui vit et travaille à Cuba ». Il a décliné toutes demandes d’entretiens, préférant attendre la fin du festival.
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En 2014, le film du cinéaste français Laurent Cantet « Retour à Ithaque », une histoire d’amitié cubaine sur fonds de désillusions, avait déjà été déprogrammé du festival sans explication de la direction. Mais il avait ensuite pu être projeté dans le cadre du mois de la culture française.