Après le Qatar qui s’était déjà lancé en croisade l’année dernière contre les marchandises aux couleurs « arc-en-ciel », jugées « contraires aux traditions », c’est le ministre algérien du Commerce et de la Promotion des exportations, Kamel Rezig, qui annonce leur interdiction pour atteinte à la « croyance religieuse » et aux « valeurs morales de la société ».
Il a initié ce 3 janvier un vaste plan d’actions, prévu jusqu’au 9 décembre prochain, pour « sensibiliser » et « conscientiser » le grand public, les consommateurs, particulièrement les jeunes, aux « dangers de ces produits de propagande LGBT » qui gangrènent le pays et inciteraient « à déroger aux règles de la charia ».
Il en relève de la responsabilité de tous donc, a-t-il insisté, déplorant « les conséquences néfastes de leur commercialisation, jusque leur présence dans les maisons et les mosquées et l’environnement en général, surtout que cela concerne aussi des jouets pour les enfants, les articles scolaires, les vêtements, et même les livres du Coran ».
Quelle abomination . Près de 40.000 jouets et autres fournitures scolaires auraient déjà été détruits.
L’information a été saluée sur les réseaux sociaux locaux et médias algériens qui relaient cette campagne homophobe, appelant à faire preuve de « citoyenneté » ou s’insurgeant d’une culture d’annihilation de la famille, délibérément introduite et prétendument alimentée par les ONG étrangères.
En juillet dernier, quelque 80 exemplaires du Coran avaient été saisis par les autorités dans une librairie de Mila, une ville dans le Nord-Est. S’ils ont été édités, c’est bien que la demande existe.
Mais en Algérie, l’homosexualité reste un délit passible de trois ans d’emprisonnement. « Et toute forme de militantisme, jusqu’à 15 ou 20 ans de prison, pour trouble à l’ordre public », rappelle le président de Shams France. L’association, qui défend les droits des personnes LGBTI issues du Maghreb et Moyen Orient vivant en France, s’alarme d’une augmentation des appels de détresse en provenance d’Algérie depuis plusieurs mois.
« La question y est taboue, on nie l’existence des personnes LGBTQI. Des journalistes gays sont évincés pour soupçon d’homosexualité, des filles lesbiennes sont mariées de force… Et les médias locaux, qui subissent tout autant la pression de l’état et des personnalités radicales du pays, contribuent effectivement à cette détérioration de la situation. Et malheureusement, ça ne risque pas s’arrêter là », conclut le militant.
Les autorités algériennes réaffirment ainsi leur refus de dépénaliser l’homosexualité. STOP homophobie a aussi reçu plusieurs témoignages et demandes d’asile d’activistes et personnes LGBT+ qui dénoncent des exactions de plus en plus fréquentes et appellent la communauté internationale à réagir.