Attitude, sexualité, socialisation : les enjeux précisément de la période de la puberté vécus à l’école par une majorité d’enfants et d’adolescents.
Chez les adolescents, les violences homophobes sont la première cause de suicide. Et la seconde pour les 15 et 24 ans, après les accidents de la circulation. 4 fois plus d’ailleurs pour les lesbiennes, gays, bis, avec comme souvent les trans en première ligne. Non pas qu’ils sont déficients mais harcelés. Difficile de subir insultes et discriminations au quotidien. Mais ils ont peur de parler de leur situation et d’être encore moqués.
Le chiffre s’est stabilisé autour des 4% des sollicitations enregistrées par STOP homophobie en 2016. Les agressions se déroulent généralement dans les couloirs, classes, vestiaires, salles de gymnase ou à manger et jusqu’à l’extérieur de l’école, variant selon le sexe, la race et le niveau scolaire.
Mais c’est bien évidemment sur internet que l’intimidation est la plus virulente.
La plupart du temps, les auteurs n’ont même pas conscience du danger et des situations qu’ils génèrent. Ou sinon, ils l’assument, évoquant divers arguments, notamment la religion. Harceleurs meneurs, harceleurs suiveurs, pour ne pas perdre leur place au sein du groupe et, nous avons aussi les harcelés qui deviennent les harceleurs, pour prouver qu’ils ne sont pas des pédés ou des gouines.
L’homophobie au cœur du harcèlement scolaire, selon les résultats d’une étude américaine
En effet selon un rapport de 2013 sur les LGBT-phobies à l’école, ce ne sont pas seulement les élèves ouvertement homosexuels qui sont concernés, mais également les élèves considérés comme homosexuels par leurs camarades ou encore les élèves issus de familles homoparentales.
En 2015, les programmes d’Enseignement moral et civique ont bien intégré explicitement la lutte contre l’homophobie. Pédés demeure pourtant l’insulte la plus proférée. Mais elle n’est pas sans conséquences et la dimension psychologique est toujours présente. Nous avons des adultes qui ont témoigné des souffrances qu’ils éprouvent encore.
Et, de l’école à l’université, les proies sont toujours des jeunes déjà vulnérables, qui manquent de confiance, parce qu’affectés, fragilisés dans leur vie personnelle, isolés souvent, en famille, parce qu’encore et toujours leur orientation sexuelle.
Et, malgré nos efforts de prévention, beaucoup d’enseignants se refusent à aborder la question, préférant rester dans le déni d’une réalité. Les enfants, non reconnus et abandonnés, s’enfoncent dans des problèmes de santé, dépression, troubles anxieux, échecs scolaires, désocialisation, jusqu’à mettre fin à leurs jours. Les responsables scolaires doivent plus systématiquement face à la banalisation des injures homophobes.
Un dysfonctionnement constaté dans tout le système scolaire, surtout en matière de sécurisation, de respect entre les élèves, de sensibilisation et de formation du personnel éducatif. Un travail qui devrait être fait dès la maternelle, en mettant en place des ateliers sur la confiance, l’estime de soi et des autres, ou encore des ateliers sur la communication non violente par exemple. Et pour que le harcèlement scolaire soit réellement pris en compte, il devrait être reconnu dans le Code pénal, au même titre que le harcèlement au travail.
En Amérique du Nord, et maintenant dans certains pays européens, ces questions sont en particulier intégrées au sein des établissements scolaires à partir de la constitution d’« alliances gays hétéros » (AGH). Les AGH sont des espaces dans lesquels peuvent se réunir, au sein des établissements scolaires, les personnes homosexuelles et leurs « alliés » – c’est-à-dire les personnes non-concernées par cette problématique mais désirant soutenir les personnes directement concernées, et qui peuvent être aussi bien des membres du personnel scolaire que d’autres élèves. Dans un esprit similaire, en France, au niveau de l’enseignement supérieur, l’Université de Tours a récemment initié une réflexion sur les aménagements qui pouvaient être faits pour offrir un meilleur accueil aux personnes transgenres, aussi bien dans le domaine administratif (prise en compte du nom d’usage) que dans l’aménagement des espaces sexués (vestiaires, toilettes, etc.).
Lors des cours d’éducation à la sexualité, on peut aussi demander aux enseignants d’aborder l’homosexualité dans sa dimension de choix amoureux, sans limiter cette question à la prévention du SIDA.
Dans les pays scandinaves, enseignants et élèves sont invités à s’interroger sur les normes dominantes concernant le genre, avec des exercices mettant en scène des situations d’inversion des normes. L’objectif est de tourner le regard non pas vers les personnes LGBTQI*, mais d’interroger l’évidence des normes sociales dominantes : les hétérosexuels ont-ils le droit d’adopter des enfants ? Les femmes peuvent-elles porter des robes ? Pourquoi ces questions nous semblent-elles absurdes et pourquoi l’inverse au contraire est source de débats de société ?
Ces problèmes et les solutions qui visent à y répondre peuvent sembler s’éloigner des prérogatives et des missions prioritaires de l’école. Pourtant, du fait des violences dont sont victimes les personnes LGBTQI* et des risques de suicide des adolescents concernés par ces problématiques, du fait des attitudes discriminatoires, la prise en compte des réalités du terrain ne laisse pas de doute sur l’importance de former les enseignants à ces questions. Ceci d’autant plus que la complexité des questions du sexe et du genre est souvent l’objet d’une profonde méconnaissance qui expose à toutes les confusions.
Liberté, égalité et Fraternité : des valeurs que l’école devraient s’approprier.
A lire : https://www.nonfiction.fr/article-9277-prendre-en-compte-les-questions-lgbtqi-a-lecole.htm