L’équipe de football féminine du Nigeria a échoué à se qualifier pour les prochaines JO de Rio lors des Jeux Africains de Brazzaville, en septembre 2015. Un résultat inhabituel pour un groupe de joueuses qui a pourtant assuré sa présence à toutes les éditions de la Coupe du monde féminine depuis 1991. Les Super Falcons ont également remporté la Coupe d’Afrique neuf fois sur onze, rappelle Jeune-Afrique, faisant de leur formation LA meilleure de tout le continent africain.
Mais plutôt que de remettre en question la qualité de leur encadrement, Seyi Akinwunmi, vice-président de la Fédération nigériane de football (NFF), estime que les contre-performances découlent des « relations homosexuelles au sein de l’équipe » : « pratiques illégales » dans le pays.
« Le lesbianisme tue les équipes » et « les gens ont peur d’en parler », a-t-il ainsi déclaré en marge d’une rencontre avec des journalistes sportifs ce samedi à Ibadan (sud-ouest du Nigeria), immédiatement relayé par toute la presse locale. Contacté par l’AFP, le représentant, déjà été épinglé par le passé par la Fifa pour des propos similaires, « n’était plus disponible » pour s’expliquer.
Rappelons que la religion tient une place importante dans la société nigériane, où 170 millions d’habitants se répartissent entre un nord principalement musulman et un sud essentiellement chrétien. Les autorités et des membres de l’encadrement sportif ont déjà été pointés du doigt par la Fédération internationale de football pour des commentaires homophobes.
C’est encore le cas d’Eucharia Uche, entraîneuse de l’équipe en 2011, selon qui l’homosexualité est « spirituellement et moralement condamnable », mais aussi « sale », raison pour laquelle elle a exclu des joueuses lesbiennes de l’équipe à l’époque.
L’ancienne présidente de la ligue nigériane de football féminin, Dilichukwu Onyedinma, avait quant à elle annoncé il y a trois ans dans les médias « l’interdiction officielle de l’homosexualité féminine dans les équipes nigérianes ». Des déclarations qui ont provoqué l’ouverture d’une enquête par la Fifa.
L’État nigérian applique une répression forte vis-à-vis de l’homosexualité, interdite par la loi et passible d’une peine de 14 ans d’emprisonnement depuis janvier 2014. Les militants des droits LGBT dénoncent l’une des lois « les plus homophobes du monde », le gouvernement rétorque qu’elle est « soutenue par 90% de la population ».