Les élus de l’UMP ont transmis mardi leurs recours contre le texte au Conseil constitutionnel.
Christian Jacob, président du groupe UMP, est allé lui-même déposer au Conseil constitutionnel, mardi en fin d’après-midi, le recours de l’UMP et de l’UDI, auquel se sont joints les sénateurs de l’opposition, contre la loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples homosexuels. «La France est un État de droit. Tant que la loi n’est pas promulguée, elle n’est pas en application», a expliqué Christian Jacob. Le projet a été définitivement adopté à l’Assemblée nationale peu après 17 heures dans une atmosphère très tendue, par 331 voix contre 225.
La gauche a massivement voté pour ce texte, à l’exception de quatre députés PS qui ont voté contre (comme en première lecture) dont Jérôme Lambert et Bernadette Laclais, deux radicaux de gauche et quatre communistes, parmi lesquels une majorité d’élus de Martinique et de Guadeloupe, résolument hostiles au mariage homosexuel. À droite, seuls deux députés UMP, Benoist Apparu et Franck Riester, ont voté pour le mariage homosexuel, 183 ont voté contre. Cinq élus UMP se sont abstenus: Nicole Ameline, Nathalie Kosciusko-Morizet, en lice pour la primaire UMP à Paris, Pierre Lellouche, Bruno Le Maire et Édouard Philippe, également comme en première lecture. Au sein du groupe UDI, 25 députés se sont prononcés contre le projet, alors que le président de l’UDI, Jean-Louis Borloo, s’est prononcé en faveur du texte, avec quatre autres collègues, Jean-Christophe Lagarde, Sonia Lagarde, Philippe Gomès et Yves Jégo.
Dès l’annonce du vote, les députés de gauche se sont levés pour scander «égalité, égalité». Les tribunes du public, où l’égérie de la Manif pour tous, Frigide Barjot, avait pris place au premier rang, étaient bondées sur deux niveaux, sous la surveillance des agents de l’Assemblée. Ce qui n’a pas empêché, avant le vote, un incident: un groupe de jeunes adversaires du projet a tenté de déployer une banderole appelant au «référendum» qu’ils avaient réussi à introduire dans le Palais malgré les opérations de fouille, avant d’être expulsé de l’hémicycle de manière musclée. Un homme plus âgé a lui aussi fait le V de la victoire au-dessus des rangs du groupe socialiste, dont les députés hurlaient «dehors, dehors». Le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, a annoncé qu’il allait porter plainte contre les «trublions» qui ont voulu «faire retarder le vote» précisant qu’un agent avait été blessé dans la bousculade. «Sortez-moi ces excités, les ennemis de la démocratie n’ont rien à faire ici!», s’est exclamé le président de l’Assemblée.
«Un vent d’allégresse»
Lors de la séance des questions au gouvernement, la ministre de la Justice, Christiane Taubira, applaudie à tout rompre par les députés de gauche, avait indiqué une heure plus tôt que «les premiers mariages se tiendraient en juin». Selon la garde des Sceaux, «il soufflera un vent d’allégresse dans le pays». Philippe Gosselin (UMP, Manche) a une ultime fois réclamé «le retrait du projet qui inquiète les Français», et Étienne Blanc (UMP, Ain) a eu une vive passe d’armes avec le ministre de l’Intérieur, après avoir accusé le gouvernement de «pratiquer le mépris et l’humiliation» à l’égard des manifestants. «On ne peut pas changer une civilisation avec une loi ordinaire», a insisté le député de l’Ain. Manuel Valls a rétorqué: «De quelles violences parlez-vous? De celles des groupes extrémistes qui s’en prennent aux institutions de la République? Des menaces directes à des parlementaires de la République?»
En séance, le porte-parole du groupe UMP, Hervé Mariton, a accusé la gauche d’«allumer la mèche indigne de l’homophobie» et «d’ajouter la crise à la crise en créant des tensions». Au nom de l’UDI, Jean-Christophe Fromantin a souligné que «sous prétexte de créer une égalité pour les adultes, vous créez une inégalité pour les enfants, qui seront privés du droit d’avoir un père et une mère».