Le 21 juillet dernier, le Parlement cubain a approuvé un nouveau texte constitutionnel, définissant notamment dans son « article 68 », le mariage comme « l’union consentie volontairement entre deux personnes, sans préciser le sexe ». Il était limité, selon la Constitution actuelle, qui date de 1976, à « l’union volontaire entre un homme et une femme ».
Une première étape donc vers la légalisation du mariage entre personnes du même sexe, que l’archevêque de Santiago de Cuba, Dionisio Guillermo García Ibáñez, assimile à du « colonialisme idéologique » imposé par les pays riches.
Dans une lettre publiée le 31 août sur le site de conférence épiscopale cubaine, il pointe la responsabilité de certains lobbys dans « ces pays, qui se prévalent du processus de globalisation croissant et essayent d’influencer (les autres) pour mettre en place une culture uniforme avec leurs propres critères en disqualifiant ceux des autres ».
Outre l’aide économique, conditionnée à l’acceptation de « ces idées étrangères à la culture cubaine », l’archevêque estime qu’« ignorer ce qui nous a été donné par nature ou aller à l’encontre des lois et processus inscrits, y compris génétiquement, au fond de nous entraîne toujours des conséquences lamentables, soit immédiatement, soit avec les années. »
Ce projet de nouvelle Constitution doit encore être soumis à un référendum populaire, le 24 février 2019. Des consultations sont d’ailleurs en cours, depuis ce 13 août et jusqu’au 15 novembre, dans les entreprises, les écoles, les universités et les quartiers, d’où l’intervention de Mgr Dionisio Garcia, qui espère obtenir le retrait de la disposition, incluant également « le principe de non-discrimination selon l’orientation sexuelle ou le genre ».
Notons que dans la foulée de la révolution castriste en 1959, les minorités sexuelles étaient stigmatisées et les homosexuels harcelés, voire envoyés en camps de « rééducation », « sans inculpation ni jugement ». S’appliquait alors une politique de marginalisation vouée à les exclure de tout emploi public, comme le souligne l’AFP. Et la dépénalisation des relations entre personnes du même sexe en 1979 n’a guère contribué à mettre fin aux sanctions et préjugés. Mais en août 2010, Fidel Castro, « héros des déshérités », peu habitué à verser dans l’autocritique, a pourtant reconnu les « injustices » faites aux homosexuels, qui provoquèrent l’exil forcé de nombreux intellectuels et artistes dans les années 1960, 1970 et 1980.