Le Niger, qui travaille à la réforme de son code pénal, prévoit une section consacrée à l’homosexualité, qui sera pénalisée, ainsi que le « mariage gay », passible de 10 ans de prison à la perpétuité ou même de la peine capitale.
En décembre dernier, dénonçant un vide juridique, plusieurs députés nigériens annonçaient vouloir criminaliser les relations homosexuelles, jugées « contraires aux croyances religieuses et culturelles du pays », à travers une proposition de réforme du code pénal local (hérité de la colonisation en 1810). Et notamment de l’article 282, qui punit déjà « mais uniquement » les relations sexuelles et impudiques sur un mineur de moins de 21 ans, comme l’a de nouveau déploré le président de la République, Mohamed Bazoum, dans un interview sur la Voie du Sahel, une radio publique.
Il a donc décidé, après consultation des avis sur les réseaux sociaux, de la « mise en place d’un comité d’experts » – composé de représentants de la présidence, de la primature, de l’assemblée nationale, d’officiers de la police judiciaire, de magistrats, de membres du barreau, ainsi que de la société civile, avec des enseignants, des chercheurs, acteurs de la presse publique et privée – pour une « refonte de fond » et une adaptation de la législation aux « réalités économiques et sociales » du Niger.
« Dans le futur code pénal, il y aura toute une section consacrée à l’homosexualité », assure-t-il. « Quiconque à des sentiments amoureux pour quelqu’un de son propre sexe tombera sous le coup d’une infraction, afin de sanctionner cette déviance. ».
Les échanges et marques d’affection seront donc pénalisés. Et, en cas de relation sexuelle, l’âge constituera une circonstance aggravante du délit, si le ou les partenaires sont mineurs.
De même, toute officialisation d’une union homosexuelle sera considérée comme un crime, passible de 10 ans de prison à la perpétuité ou de la peine capitale. Sanctions également appliquées à la personne qui aura officié le mariage, marabout, officier d’état-civil ou prêtres, ainsi qu’aux poches et parents, s’ils étaient consentants à la célébration, et aux témoins.
Enfin, « toute personne physique qui dirige ou finance un club d’homosexuels en public ou en privé » encourra une peine d’emprisonnement assortie d’une amende. Et les personnes morales qui « gèrent, aident, font du prosélytisme ou financent les groupes LGBT, voire les individus de cette catégorie » risquent des poursuites, encore à définir.
Comme le souligne sur le site 76crimes, Djapharou Saoude Hirokoye (nom d’emprunt), lanceur d’alerte vivant au Niger, cette offensive juridique intervient après qu’un tribunal de Maradi a acquitté deux jeunes lesbiennes des accusations d’outrage à la pudeur, l’homosexualité ne constituant pas jusqu’alors une infraction au Niger. Elles ont toutefois été emprisonnées après avoir été reconnues coupables d’avoir publié des vidéos de leurs ébats sur les réseaux sociaux.
« La décision a fait boule de neige, l’Association des Etudiants Musulmans du Niger (AEMN) s’en est mêlée suscitant de vives réactions sur les réseaux sociaux notamment. Les arguments entendus dans le débat public révèlent la crainte que l’homosexualité ne fasse tache d’huile, avec une peur de contagion du corps social », ajoute Djapharou.
Et puis, « le Niger vient de vivre ses premières manifestations publiques de personnes LGBTI, portant sur leur propre orientation sexuelle et leurs conditions de vie, à travers les revendications de demandeurs d’asile issus du Cameroun, du Libéria et de Côte d’Ivoire. Leur façon d’utiliser les médias, de se vêtir, de se comporter et de brandir fièrement des drapeaux arc-en-ciel a provoqué une commotion dans tout le pays. »