Arrêtés le 28 mars 2017 et inculpés pour « relations homosexuelles consenties », deux hommes de 20 et 23 ans ont été condamnés pour la première fois le 17 mai dernier à « 85 coups de bâton chacun » par le tribunal de Banda Aceh.
Ils auraient été « surpris au lit » par leur voisinage, qui les a livrés à la police de la charia, en vigueur à Aceh, la seule des 33 provinces de ce pays d’Asie du Sud-Est autorisée à l’appliquer, depuis l’adoption de la Loi spéciale relative à l’autonomie, en 2001.
Le nombre de coups aurait été un peu réduit parce que les deux accusés avaient déjà passé deux mois en détention.
« Ce spectacle écœurant, qui a eu lieu devant plus de mille spectateurs moqueurs, est un acte de la plus grande cruauté. La vie privée de ces deux hommes a été bafouée, ils ont été pris au piège à leur propre domicile ; cette « punition » avait pour but de les humilier et de les blesser physiquement », s’était indigné Amnesty, exhortant la communauté internationale à réagir avant que la situation ne se détériore davantage.
« Ce type de châtiment et la pénalisation des relations homosexuelles violent de manière flagrante le droit international relatif aux droits humains. Personne de devrait être puni pour des relations sexuelles consenties. »
« Préoccupés » par cette montée de l’intolérance, les députés européens ont finalement adopté ce jeudi 15 juin à Strasbourg une résolution plaidant pour une dépénalisation de l’homosexualité dans la province, rapporte l’AFP, afin d’empêcher toute nouvelle persécution des homosexuels.
La « bastonnade » infligée à ces deux jeunes gays « s’apparente à des actes de torture en vertu du droit international », souligne le Parlement qui demande aux autorités indonésiennes « de mettre fin immédiatement aux flagellations publiques ».
Au-delà du cas d’Aceh, les parlementaires se disent également inquiets de l’hostilité croissante contre la petite communauté LGBT dans le reste de l’Indonésie, où l’homosexualité n’est pourtant pas « une infraction ».
L’année 2016 aura en effet été marquée par un nombre sans précédent d’attaques verbales violentes et discriminatoires, de faits de harcèlement et de diatribes enflammées contre les homosexuels en Indonésie.
« Des agressions, directement ou indirectement, attisées par des agents du gouvernement ou des pouvoirs publics et par des extrémistes », selon les députés qui, citant notamment l’arrestation le 21 mai dernier de 141 hommes, lors d’une descente de police dans un club gay de Djakarta, soulignent que « les policiers sont tenus de respecter la loi, protéger les minorités vulnérables et non les persécuter ».
L’Indonésie compte 225 millions de musulmans sur 250 millions d’habitants, pratiquant pour la plupart une forme modérée d’islam.
Valentine Monceau
stophomophobie.com