Dans un contexte d’augmentation des violences à l’encontre de la communauté LGBT+, la commission irakienne des communications et médias annonçait la semaine dernière l’interdiction, aux plateformes d’informations basées dans le pays, l’usage notamment du terme « homosexualité » pour lui préférer « déviance sexuelle ».
Dans le même temps, le Parlement, où les partis islamistes ont la haute main, a examiné en première lecture un texte prévoyant jusqu’à « la peine de mort » pour les relations homosexuelles, et au moins 7 ans pour toute « promotion de l’homosexualité ». Alliés et défenseurs des droits humains sont donc désormais également criminalisés.
L’Irak, qui ne compte actuellement aucune loi sur l’homosexualité, avait déjà recours au Code pénal de 1969 pour condamner les personnes LGBT+, en s’appuyant sur un article qui punit la sodomie d’une lourde peine d’emprisonnement, souvent à vie. Mais, cette nouvelle législation, inspirée d’un amendement à la loi anti-prostitution de 1988, devrait « combler un vide juridique », s’est félicité le député Saoud al-Saadi du parti islamiste chiite Houqouq, vitrine politique des Brigades du Hezbollah, influent groupe armé proche de l’Iran voisine.
Il s’agirait néanmoins d’une première mouture, le contenu de la législation peut encore changer. Le texte est « toujours en cours de discussion et fait l’objet d’échanges de points de vue », a expliqué l’élu à l’AFP.
Son collègue Chérif Souleimane du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) entend aussi légiférer pour affirmer « nos valeurs morales et humaines et lutter contre les phénomènes anormaux dans la société », a-t-il estimé dans les colonnes du journal gouvernemental Al-Sabah. « Nous avons besoin de lois dissuasives ». Mais une deuxième lecture, puis un vote doivent encore être organisés à des dates qui restent à fixer.
Pour Rasha Younès, chercheuse spécialiste des droits des personnes LGBT+ pour HRW, le gouvernement irakien cherche « à détourner l’attention du public sur une absence de résultat » de son travail.