Accusé d’exécutions extrajudiciaires et torture notamment, Ramzan Kadyrov, qui orchestre depuis plusieurs mois une « purge » dans sa république contre les LGBT+, vient d’être sanctionné, ce mercredi 20 décembre, par le Trésor américain qui l’a rajouté sur sa liste noire, réactualisée au titre du « Magnitski Act ».
La déclinaison de cette mesure de 2012, prévue initialement pour « les responsables ou ceux qui ont aidé à dissimuler la détention, les abus et le décès » en 2009 de Sergueï Magnitski, avocat russe qui avait révélé une vaste affaire de corruption, permet également de sanctionner depuis fin 2016 des personnes responsables de violations flagrantes des droits de l’homme. « Une première liste » est attendue prochainement, selon un responsable du département d’Etat.
Les éventuels avoirs aux Etats-Unis du président tchétchène sont donc désormais « gelés », avec interdiction de visa et d’accès au territoire, ainsi que pour les entreprises ou citoyens américains d’établir quelques échanges, entre autres, commerciaux.
Ramzan Kadyrov rêvait, en dépit du scandale, de faire de la Tchétchénie une « destination touristique » prisée…
Comme d’autres de ses adjoints, il avait d’abord nié les accusations , arguant « qu’il n’y avait pas de gays en Tchétchénie ». Mais dans une interview sur HBO, il s’est ensuite lâché, affirmant, agacé, sa volonté de « purifier le sang tchétchène » : les homos sont des « démons » et « sous-humains » dont il faut se « débarrasser ».
Ayub Kataev, chef de la police et directeur de la prison d’Argoun (en banlieue de la capitale Grozny), a écopé des mêmes sanctions, accusé d’avoir été impliqué dans ces exactions.
Le Sénat américain avait déjà adopté une résolution les condamnant, exhortant en outre la Russie à diligenter des enquêtes « pour que les auteurs des abus allégués soient sanctionnés ». La Maison Blanche au contraire ne s’est jamais manifestée et Donald Trump n’a toujours pas interpellé son homologue, Poutine, qui a pourtant reconduit l’année dernière Kadirov dans ses fonctions.
Stop homophobie, Mousse et le Comité Idaho France ont déposé plainte, en mai dernier, devant la Cour pénale internationale (CPI) contre le président tchétchène, après que Human Right Watch et Amnesty International aient confirmé les révélations de « Novaïa Gazeta » par d’autres dizaines de témoignages de « rescapés ».