Le PS banni de la prochaine Gay Pride ?

Après que Manuel Valls et Laurence Rossignol ont confirmé l’abandon de l’ouverture de la PMA aux couples lesbiens, les associations LGBT sont en colère et s’interrogent sur la place du PS à la Marche des fiertés.

En recevant l’Avenir pour Tous de Frigide Barjot et la Manif pour Tous et en confirmant une nouvelle fois l’enterrement définitif de la PMA pour les couples lesbiens, la secrétaire d’Etat Laurence Rossignol s’est fait de nouveaux amis. Et de nouveaux contempteurs parmi les associations pro-LGBT qui ont mené le combat en faveur du mariage pour tous et de la PMA, au point que certaines s’interrogent sur un boycott du Parti socialiste lors de la prochaine Gay Pride.

Dès ce mardi, au lendemain de la rencontre, Nicolas Gougain, ancien porte-parole de l’Inter-LGBT, publie dans Le Monde une tribune pour exprimer sa « colère froide et saine ». « Ce gouvernement a-t-il à ce point perdu de vue l’esprit des réformes familiales de ces 40 dernières années pour se faire un rail de naphtaline en recevant la manif ‘pour tous’ et en les considérant ainsi comme des interlocuteurs crédibles? Ces derniers n’ont jamais voulu se placer dans la moindre perspective de dialogue » écrit-il.

Laurence Rossignol, une ministre qui déçoit les associations LGBT

« Fermer définitivement la porte à un engagement de campagne de François Hollande de 2012 ne peut être sans conséquences, poursuit-il. Les socialistes -qui portent ce gouvernement comme ils peuvent- doivent s’ attendre à un accueil glacial des manifestants et des associations en Juin prochain lors de la Marche des fiertés. Tant pis ou tant mieux. »

Amandine Miguel, actuelle porte-parole de l’Inter-LGBT qui sera reçu le 5 mai par Laurence Rossignol, confirme à L’Express que « la question se pose » de laisser des figures du PS défiler à la Gay Pride. Alix Béranger, membre du collectif Oui-Oui-Oui, se dit, elle, favorable au « boycott » du PS. « On est très en colère. Coup sur coup, annoncer l’enterrement définitif de la PMA depuis Rome [par Manuel Valls] et le confirmer auprès de la Manif pour Tous, c’est hallucinant. On a un gouvernement de gauche, un Parlement de gauche et une politique conservatrice de droite! » Le coup est d’autant plus dure pour Alix Béranger qu’elle pensait avoir avec Laurence Rossignol « une alliée précieuse ». « C’est étonnant de sa part car c’est quelqu’un de plutôt féministe, d’ouverte sur ces questions. »

Un mauvais calcul politique

Mais n’est-il pas légitime de renoncer à la PMA dans un soucis d’apaisement de la société française? Non, répond Alix Béranger. « La sociéte n’est pas divisée sur la PMA. La majorité y est indifférente et l’opposition est le fruit d’une minorité forte en communication. En renonçant à la PMA, le gouvernement laisse cette minorité imposer sa loi. »

« Le gouvernement a réussi à mécontenter tout le monde, corrobore Yohann Roszéwitch, président de SOS Homophobie. Les mouvements d’extrême droite bien sûr, parce que le mariage pour tous a été voté, mais aussi les LGBT, déçues ». Pour autant, Yohann Roszéwitch ne conteste pas le fait que Laurence Rossignol reçoive la Manif pour Tous, dès lors qu’elle dialogue avec l’ensemble du spectre associatif. « On ne peut nier que c’est un mouvement qui a compté. » Un point de vue que ne partage pas Amandine Miguel. « Je ne pense pas que madame Rossignol recevrait des associations racistes ou antisémites… »

Par Alexandre Sulzer
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