Le sang des homosexuels et des bisexuels toujours interdit de collecte ? Les associations se mobilisent à Tours

C’est un peu injuste. Et discriminant. Honorine et sa camarade Haloa remplissent le formulaire qui leur donnera accès au don du sang. Hier midi, à la fac des Tanneurs, à Tours, elles sont venues participer à la collecte. Le sang des homosexuels hommes qui n’est toujours pas accepté ? Elles ont du mal à comprendre. Honorine était au courant, Haloa, non. A leurs côtés, Antoine. Lui non plus ne savait pas. Il vient pour son premier don. « Alors qu’on parle tout le temps d’équité, ça paraît bizarre. Il n’y a pas de raison… » D’où l’idée du Centre LGBT (lesbiennes, gays, bi, trans, leurs familles et leur entourage) de Touraine d’organiser une campagne d’information et de sensibilisation du public, soutenue par 26 associations, syndicats et partis politiques.

>> Le Centre LGBT de Touraine a décidé de dénoncer la situation, toute la semaine.

Jusqu’à mercredi, elle se tiendra devant la fac des Tanneurs. Jeudi, elle poursuivra sur le boulevard Béranger. Si les dons de sang de lesbiennes sont acceptés depuis 2003, ce n’est toujours pas le cas pour les homosexuels considérés comme une population à risque. « C’est une sorte de discrimination », explique Mickaël Achard, administrateur du centre LGBT de Touraine, à l’initiative de cette mobilisation qui devrait essaimer.
Une interdiction que l’Établissement français du sang, en charge de la collecte, justifie par des chiffres, des « données épidémiologiques » disponibles sur son site Internet : « En 2010, en France, le nombre de cas de découverte de séropositivité VIH était de 6 pour 100.000 pour les hétérosexuels. Et de 758 pour 100.000 chez les homosexuels masculins. Le risque d’exposition au VIH était donc 200 plus élevé […]. » Des arguments que le Centre LGBT de Touraine balaye d’un revers de main. « Écarter systématiquement les homosexuels revient à considérer qu’ils seraient moins citoyens et moins responsables que les hétérosexuels. Nous demandons à ce que la condition de «  groupe à risque  » soit remplacée par la condition de «  conduite à risque »  », poursuit Mickäel Achard. Une promesse du candidat François Hollande qui n’a, pour l’heure, pas été tenue.
Hier, une centaine de signatures a déjà été collectée pour la pétition. Un début. La Cour européenne de justice se prononcera en cette fin d’année, ou début 2015, sur cette particularité française. Contre-productive.

Des conclusions de l’avocat général de la Cour de justice de l’Union européenne rendues le 17 juillet dernier sont favorables à un homosexuel français. Elles font peser une menace de condamnation sur l’EFS et l’Etat français.

Avec Vanina Le Gall et l’AFP