Réunie en Synode général à York, au nord de l’Angleterre, l’Église anglicane a voté le 9 juillet dernier, et à une large majorité (284 voix contre 78), une résolution reconnaissant aux paroissiens en transition « le besoin d’être accueillis et soutenus » dans leur communauté religieuse. Les évêques qui le souhaitent pourront donc désormais « adapter » leurs liturgies.
« C’est un message que nous espérons suffisamment fort », a déclaré dès l’ouverture des débats Christopher Newlands, prêtre du diocèse de Blackburn (dans le Lancashire), à l’origine de la mesure.
« Nous croyons que ces personnes sont chéries et aimées de Dieu, qui les a créées et demeure à leurs côtés, dans tous les tournants de leurs vies. Nous devons être en phase avec l’évolution de la psychiatrie et de la médecine. De plus, la loi reconnaît le changement de sexe. C’est une réalité sociale que nous devons accepter », a-t-il ajouté.
Citant par ailleurs des données de la Tavistock Clinic, un centre de thérapie psychanalytique londonien, il a rappelé que quelque 1400 enfants avaient été dirigés vers des cliniques spécialisées au Royaume-Uni, soulignant une augmentation de 170% dans la même période des crimes transphobes.
« Notre réponse doit être l’amour, l’ouverture et l’accueil », a également insisté le Dr John Inge, évêque de Worcesteret, « et l’adoption de cette motion en serait un très important facteur ».
Certains évêques s’y étaient toutefois opposés, évoquant « une fiction », car le fait de changer d’apparence physique ne modifie pas l’identité fondamentale : Dieu a créé les humains « homme et femme ».
Le synode général avait aussi soutenu la veille une résolution, adoptée, contre la pratique des « thérapies » dites de « conversion », qui prétendent changer l’orientation sexuelle d’une personne.
Mais « si la mesure pour les transgenres est relativement peu controversée, dans le contexte de politique ecclésiastique anglicane, son association avec le mariage homosexuel pourrait conduire à un certain nombre de tensions » anciennes au sein de la Communion, commente dans la-croix Rémy Bethmont, professeur d’histoire et de civilisation britannique à l’Université Paris 8. Avec 85 millions de fidèles dans 165 pays, divisés sur la question, « les provinces les plus conservatrices, en particulier en Afrique, trouvent déjà que l’Église d’Angleterre s’est trop éloignée de l’orthodoxie. »
Ses représentants viennent en outre de confier à un groupe d’« experts » le soin d’examiner l’enseignement de l’Église sur le mariage, pour une clarification de leurs positions au plus tôt en 2020.
Joëlle Berthout
stophomophobie.com