Le président de la République, Monsieur François Hollande ne changera pas d’avis. L’ambassadeur qu’il veut nommer pour représenter la France auprès du Saint-Siège reste Laurent Stefanini, comme l’a appris La Croix auprès de l’Élysée. Lors d’une conversation privée, jeudi 9 avril, le président de la République indiquait que la France attend la réponse du Saint-Siège à la nomination de celui qu’il présente comme l’« un de nos meilleurs diplomates et qui a toutes les qualités requises pour le poste ».
Le choix de ce diplomate de 55 ans, actuellement chef du protocole du Quai d’Orsay, remonte officiellement au 5 janvier, jour de sa nomination en conseil des ministres. Mais plus de trois mois plus tard, l’agrément du Saint-Siège, indispensable pour rendre cette nomination effective, n’a pas été donné. Un mauvais signe pour une procédure qui, comme en témoigne l’ambassadeur près le Saint-Siège d’un autre pays, « prend dans les trois ou quatre semaines ».
L’absence à ce stade d’agrément ne vaut pas décision de refus – aucune source vaticane sollicitée par La Croix ne se déclarait jeudi 9 avril compétente pour s’exprimer. Mais le retard pris ressemble implicitement à un non. Ceci viendrait d’abord du fait que la diplomatie française ait considéré comme trop vite acquis cet agrément, laissant la presse annoncer dès fin janvier que le Saint-Siège acceptait Laurent Stefanini. De quoi froisser la diplomatie vaticane, qui aurait par ailleurs interprété comme une « provocation », selon une source interne, la désignation d’une personne homosexuelle.
Catholique, sans enfant, ni marié, ni pacsé, l’intéressé n’entend pourtant pas être le porte-étendard d’un lobby. Ses services, lors d’un premier séjour à l’ambassade de France près le Saint-Siège, comme premier conseiller, de 2000 à 2005, ont laissé à Rome d’excellents souvenirs. Celui qui est devenu ensuite conseiller pour les affaires religieuses du Quai d’Orsay bénéficie, à Rome, de hauts soutiens, comme celui du cardinal Jean-Louis Tauran. L’archevêque de Paris, le cardinal André Vingt-Trois, a aussi plaidé en sa faveur. Quant à la porte-parole de la Manif pour tous, Ludovine de la Rochère, elle dément auprès de La Croix les informations du JDD selon lesquelles elle serait intervenue contre sa nomination auprès du nonce apostolique.
Matignon qui a dès le départ redouté que cette nomination se transforme en une affaire médiatisée a fait monter d’autres candidatures. La secrétaire générale adjointe du Quai d’Orsay, Emmanuelle d’Archon est sur les rangs, ainsi que l’actuel ambassadeur de France à Riyad, Bertrand Besancenot. Mais, pour l’Élysée, c’est aujourd’hui au Vatican d’assumer son éventuel refus.