Favorables à un référendum sur la réforme du mariage, les élus dénoncent l’absence de vrai débat et demandent à être reçus par le président de la République.
Les 137 députés et 82 sénateurs membres de l’Entente parlementaire pour la famille n’étaient pas tous là, mais la présence de maires a donné une belle consistance au rassemblement d’élus venus déposer, mercredi 23, une lettre de demande de rendez-vous à François Hollande. « J’ai du mal à imaginer que la réponse soit négative, ce serait une faute politique », a expliqué le député UMP Hervé Mariton en sortant de l’Élysée.
Avant d’ironiser : « Je ne suis pas habitué à être reçus à la loge, peut-être est-ce là une marque du changement… » La directrice de cabinet de François Hollande, Sylvie Hubac, leur a promis une réponse pour jeudi 24 .
Appel « au dialogue républicain »
Quoi qu’il en soit, le président de la République recevra vendredi 25, à 18 h 30, Frigide Barjot et deux autres porte-parole du collectif « La manif pour tous ». Venus participer à la marche des élus de l’Assemblée nationale vers la présidence de la République, ils ont scandé avec plus ou moins de succès des slogans de manifestation. Mais, ceints de leur écharpe tricolore, les élus ont préféré plus solennellement chanter à plusieurs reprises La Marseillaise.
« Il s’agit symboliquement de dire que ce n’est pas uniquement la position des Églises ou de tel ou tel groupe, mais aussi celle d’élus par le suffrage universel », souligne le député Laurent Wauquiez. « Le président de la République ne peut pas fermer la porte au nez des parlementaires », ajoute le vice-président de l’UMP en appelant la majorité « au dialogue républicain » avec l’opposition. « Les insultes et le mépris, ça suffit ! », finit-il par lancer sans dissimuler son agacement devant la tournure du débat.
De fait, parvenue rive droite de la Seine, la marche des parlementaires est accueillie par des injures de la part d’une poignée de jeunes partisans du « mariage pour tous ». Provoquant la colère de Philippe Goujon, député et conseiller de Paris, face à la réaction tardive de la police. Membre de la commission des lois de l’Assemblée nationale, le président de la fédération UMP de la capitale est notamment venu pour dénoncer « un simulacre de débat parlementaire où pas un seul amendement de l’opposition n’a été retenu ».
Principale revendication : un référendum
La principale revendication des élus de droite demeure toutefois l’organisation d’un référendum. « On ne recule jamais quand on donne directement la parole au peuple », expose le député UMP Henri Guaino, à l’initiative de la création de « comités locaux pour le référendum ». Quitte à évacuer les questions juridiques que cela soulèverait. « Il y a des discussions entre constitutionnalistes, mais cela n’a aucune importance car c’est le président de la République qui décide et sa décision n’est pas susceptible de recours », tranche le député UDI Charles de Courson.
Si les membres de l’Entente parlementaire pour la famille appartiennent aux différents partis de droite (UMP, UDI, MPF), Jean-Jacques Rateau, qui siège au sein du groupe de gauche de l’Assemblée des Français de l’étranger – une institution chapeautée par le ministère des affaires étrangères –, avait également tenu à participer à la marche. « On a essayé de m’exclure du groupe pour avoir appelé à faire échouer ce projet de loi », raconte l’intéressé en souhaitant que députés et sénateurs « puissent se prononcer en conscience, selon leurs convictions personnelles, à travers un vote à bulletin secret ».
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Frigide Barjot : « Seule une campagne référendairepeut informer les citoyens »
Porte-parole de « La manif pour tous »
« Nous relayons toutes les démarches des parlementaires et des élus locaux qui demandent l’organisation d’un référendum sur le projet de loi du gouvernement ouvrant le mariage et l’adoption aux personnes homosexuelles, et nous lançons nous-mêmes une pétition sur le site lereferendumofficielpourtous.fr.
Seul un référendum peut en effet s’assurer de l’opinion de tous les Français sur cette question fondamentale, et seule une campagne référendaire peut véritablement informer les citoyens et donner un temps de parole équivalent aux “pour” et aux “contre”. Si nous n’obtenons pas satisfaction, nous annoncerons demain à François Hollande, qui nous reçoit à l’Élysée à 18 h 30, la date de la prochaine manifestation nationale. En attendant, nous organiserons le 2 février dans tous les départements des rassemblements devant les mairies et les préfectures pour interpeller les élus. » (Recueilli par L. de B.)
LAURENT DE BOISSIEU