>> The Cheerios Effect: André, Jonathan & Raphaëlle’s Story
Dans sa nouvelle publicité diffusée au Canada, la marque Cheerios a choisi de mettre en scène André et Jonathan, deux pères québécois accompagnés de leur fille adoptive Raphaelle. Face à un bol de céréales dans lequel se joue le cheerios effect, le couple raconte sa rencontre mais surtout l’arrivée de la petite fille dans leurs vies.
«Comme je suis gay, j’étais persuadé que je ne pourrais jamais devenir père», confesse André. Puis pendant que l’enfant câline tour à tout ses deux pères, Jonathan ajoute:
«Si Raphaelle a un problème [avec le fait d’avoir deux papas], ce ne sera pas de notre faute.»
Cette phrase est une référence évidente aux critiques dont peuvent faire l’objet les familles homoparentales. Pourtant, il convient de noter que le Canada a ouvert le mariage aux couples de même sexe dès 2005 et que cela s’est fait sans heurts, ni banderoles.
Aujourd’hui un couple sur trois qui demande à adopter un enfant à Montréal est homosexuel; la PMA est autorisée aux couples de lesbiennes et il suffit d’inscrire deux noms sur l’acte de naissance pour que le lien de filiation soit établi. En 2007, la cour d’appel de l’Ontario a même conclu qu’il pouvait être dans l’intérêt de l’enfant d’avoir trois parents.
On comprend pourquoi, sur le plateau de Laurent Ruquier, l’actrice québécoise Anne Dorval s’est dite «consternée» par les propos d’Eric Zemmour sur le mariage homosexuel.
Ainsi, en donnant à voir une version moderne et pragmatique de la famille telle qu’elle existe aujourd’hui, la marque du groupe General Mills prenait peu de risques en diffusant cette publicité de 15 secondes à la télévision et de trois minutes sur Internet. Hormis quelques rares commentaires homophobes sur les réseaux sociaux, la marque n’est pour l’instant pas la cible d’une cabale menée par les groupes et individus opposés à l’adoption ou à la PMA pour les homosexuels.
En France, vu la bronca suscitée par une affiche montrant une femme embrassant son propre reflet, ou les manifestations qui viennent de se dérouler à Paris ou à Bordeaux, on ne peut qu’imaginer quelle réaction un tel spot aurait déjà suscité.
En fait, les critiques qu’essuie la publicité ne sont pas celles auxquelles les Français pourraient s’attendre.
Sur le site Daily Kos, un père qui se définit lui-même comme «un blanc gay père de deux enfants afro-américains adoptés» reproche à la séquence de ne jamais mentionner le passé et les origines de la petite fille adoptive: d’où vient-elle, quelle est son histoire…
«En tant que père homosexuel, il m’est douloureux de constater qu’une évolution sociale majeure et extrêmement positive [l’homoparentalité] reste, quand il s’agit d’adoption, extrêmement conservatrice. Il semble que, comme les couples hétéros et les parents célibataires, les hommes homosexuels ne veulent pas voir l’image plus large de l’adoption, une image dans laquelle les parents biologiques seraient sérieusement représentés (…). Adopter un enfant noir comme André et Jonathan l’ont fait devrait s’accompagner d’une certaine reconnaissance pour la famille et la communauté dont Raphaëlle fait et fera toujours partie.»
Si la question de la reconnaissance et de la prise en compte des origines de l’enfant adopté n’a jamais été évoquée dans les publicités de céréales, la même marque avait toutefois abordé celle des «couples mixtes». Alors que, dans son ensemble, la publicité montre rarement (voire jamais) des couples de parents aux origines différentes, Cheerios avait diffusé, aux Etats-Unis, une publicité dans laquelle figuraient un papa noir, une maman blanche et une petite fille métissée. Le déferlement de réactions racistes avait conduit l’enseigne à désactiver la fonction commentaires de la vidéo, sur YouTube.