Maintenant que l’Eglise prebytérienne américaine a autorisé son clergé a célébré des mariages de couples de même sexe, ses partenaires brésilien et péruvien ont décidé de rompre leur collaboration. Selon les responsables de l’Eglise aux Etats-Unis, cinquante congrégations américaines se seraient ainsi déjà formellement séparées de la dénomination qui comprend 1,8 million de membres, depuis ce changement de politique et l’intégration des personnes LGBT dans la vie de l’Eglise.
Selon le révérend Gradye Parsons, le plus haut responsable de la congrégation américaine, «c’est une continuation du débat sur la position de l’Eglise face à l’homosexualité. Certains pensent qu’il faut les aimer mais les changer, tandis que d’autres estiment qu’il faudrait les aimer et les accepter, sans autre considération.»
Environ 94 millions de chrétiens appartiennent à des «variantes» internationales qui ont été fondées ou cofondées par l’Eglise presbytérienne des Etats-Unis.
Le partenariat avec le Brésil date de 1970 et celui avec le Pérou de 2007.
Dans la lettre qui met fin à leur coopération, l’Eglise brésilienne a salué ses homologues américains pour leur «remarquable contribution à l’expansion du Royaume de Dieu». Mais elle souligne aussi la position de l’Eglise américaine face aux personnes LGBT «comme contraire au principe de l’autorité des Ecritures sur la vie et la foi de l’Eglise». La rupture avec les Eglises internationales implique pour la dénomination brésilienne de ne plus participer à certains programmes au Brésil et au Pérou.
Les projets au Brésil qui se termineront fin février 2016 comprennent la formation continue des pasteurs et des missionnaires ainsi que la participation à l’implémentation de l’Eglise en Amérique latine. Cependant, les responsables religieux espèrent poursuivre les collaborations qui ont permis de soutenir les écoles des quartiers défavorisés et la construction de citernes à eau. De son côté, l’Eglise presbytérienne des Etats-Unis continuera de collaborer avec l’Eglise du Brésil dans le cadre d’une école supérieure en sciences des religions et d’un séminaire de théologie. De même que les missionnaires américains continueront de travailler au Pérou et au Brésil, mais pas avec les Eglises locales qui ont rompu les liens.
30 ans de débat
Le 17 mars 2015, après plus de 30 années de débat, la majorité des 171 groupes régionaux de l’Eglise presbytérienne américaine ont décidé, par vote, de modifier la définition du mariage religieux qui consistait en «un engagement entre un homme et une femme» par «un engagement entre deux personnes, traditionnellement un homme et une femme». De plus, en juin 2014, les responsables et les ministres de l’Eglise avaient voté pour permettre – mais pas exiger – au clergé de célébrer des mariages homosexuels. La dénomination presbytérienne a connu des baisses d’adhésion. Entre 2013 et 2014, 209 paroisses ont rompu les liens.
Les responsables de l’Eglise n’ont pas vérifier les raisons pour lesquelles certaines paroisses se retiraient. Mais selon Gradye Parsons, le désaccord sur l’homosexualité concerne seulement un tiers de la baisse du nombre de d’adhérents. «La diminution des adhésions est surtout liée avec le vieillissement de la population, un taux de natalité plus faible et le fait que les personnes se déplacent dans des endroits où il n’y a pas d’Eglise», a-t-il précisé.
«En Afrique, aucune Eglise presbytérienne – alors que la plupart des Eglises méthodistes sont opposées à une politique libérale envers les LGBT – n’a encore brisé ses liens avec la dénomination», a souligné Hunter Farrell, le directeur de la Mission presbytérienne mondiale. «Nous sommes à l’écoute des aspects culturels, en particulier dans les anciennes colonies, où les sociétés ont souffert à cause des colonisateurs. Notre Eglise a essayé de laisser un espace important aux pratiques et aux croyances». Selon Hunter Farrell, la dénomination a été désolée de voir les Eglises d’Amérique du Sud rompre leurs liens.
«Nous avons essayé de dialoguer et de leur expliquer nos motivations et notre compréhension de l’homosexualité, du mariage et de l’ordination. Nous leur avons également demandé de nous expliquer leur propre point de vue», a souligné Hunter Farrell. «Nous ne voulons fermer la porte à personne».
avec Renee K. Gadoua