Trois Femen européennes, condamnées à quatre mois de prison pour une manifestation seins nus en Tunisie, ont exprimé mercredi 26 juin des excuses et promis de ne pas recommencer lors de leur procès en appel à Tunis.
« Je regrette cet acte et je m’en excuse », a dit l’Allemande Josephine Markmann au juge Moez Ben Frej, qui lui faisait remarquer en français que « le droit musulman interdit de tels actes« . « On ne pensait pas choquer les Tunisiens à ce point, il est hors de question pour nous de recommencer », a répondu à son tour l’une des deux Françaises, Pauline Hillier.
La dirigeante de Femen à Paris, Inna Shevchenko, a qualifié ces regrets « de retournement inattendu de la situation ». « Je soupçonne les activistes d’avoir subi d’énormes pressions psychologiques », a-t-elle indiqué. L’avocat tunisien des jeunes femmes détenues depuis bientôt un mois, Souhaib Bahri, a indiqué s’attendre à ce que la décision de la cour lui soit communiquée « tard dans la soirée ». Selon lui, le juge Moez Ben Frej présidait encore un autre procès en début soirée et ne s’est pas encore retiré pour délibérer.
Le juge doit aussi décider si la demande de se constituer partie civile formulée par des associations islamiques est acceptée ou non.
« LEURS SEINS NUS NE TRADUISENT AUCUNE DÉBAUCHE »
Les avocats des associations ont pour leur part dénoncé l’audience en appel organisée en un temps record. La défense des Femen a, comme lors du procès en première instance le 12 juin, souligné que les jeunes femmes avaient manifesté seins nus en soutien à leur camarade tunisienne Amina Sboui, emprisonnée depuis la mi-mai, et que cette action relevait de la liberté d’expression et non d’une atteinte à la pudeur.
« Leurs seins sont à la vue du public mais il y a un message dessus vous ne pouvez l’ignorer. Arrêtez de regarder leur poitrine (…) écoutez-les », a lancé Me Patrick Klugman, venu de France pour l’audience et qui a été autorisé à plaider à Tunis. Et d’ajouter : « Elles croyaient qu’elles ne risquaient rien dans un pays qui vient de se soulever pour la liberté. » « Leur action seins nus ne traduit aucune débauche, aucune pornographie », a renchéri son collègue, Me Ivan Terel.
LE PREMIER MINISTRE EN FAVEUR D’UNE LIBÉRATION
Le chef du gouvernement tunisien, Ali Larayedh, a souhaité dans un entretien au journal belge Le Soir que les trois militantes soient libérées : « Si la justice tunisienne ne les relaxe pas, nous devrions les libérer. Le président de la République dispose du droit de grâce dans ses compétences », a-t-il dit. Incarcérées depuis le 29 mai, jour de leur action seins nus devant le palais de justice de Tunis pour soutenir Amina Sboui, les trois femmes ont été condamnées le 12 juin en première instance à quatre mois et un jour de prison ferme pour « atteinte aux bonnes mœurs et à la pudeur ».
Leur condamnation avait été critiquée par des ONG internationales et des pays européens. Amina Sboui est détenue pour avoir peint « FEMEN » sur le muret d’un cimetière musulman pour protester contre un rassemblement salafiste à Kairouan (centre).
Le Monde.fr avec AFP