Les homosexuels qualifiés d’« ordures » : le ministre marocain des droits de l’Homme évoquait les « actes » pas les personnes

Ce 28 septembre, interpellé par des journalistes, au sujet des recommandations relatives à la décriminalisation de l’homosexualité, que le Maroc a de nouveau rejeté, dans le cadre de son Examen périodique universel à l’ONU, Mustapha Ramid, ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme, a déploré que l’on puisse y accorder tant d’« importance », les homosexuels étant des « aousakh » (saletés, ordures…).

Des propos que nous avons immédiatement condamnés, en soutenant également une lettre commune partagée par des associations marocaines, à l’attention du chef du gouvernement, Saad Eddine El Othmani, réclamant au parquet l’ouverture d’une enquête sur les déclarations du ministre, qualifiées de « non constitutionnelles, et allant à l’encontre des principes des Droits de l’Homme et discriminatoires ».

« Nous considérons que qualifier de « saleté » des citoyens marocains comme tout autre citoyen, est une violation flagrante de la constitution marocaine, qui dans son préambule, adopte l’engagement de l’État marocain aux droits de l’homme tel que reconnu internationalement », ont insisté les organisations.

Réagissant à la « controverse », ce 17 octobre, le ministre n’a pas hésité à maintenir ses déclarations, rappelant à ses « détracteurs, très peu nombreux », assure-t-il, « que l’homosexualité demeure au Maroc une infraction punie par la loi » et, de surcroit, « rejetée par la société. »

« Le gouvernement a clairement défini sa position dans le document soumis au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU à l’occasion de la réponse du Maroc aux recommandations émises lors de l’Examen périodique universel de cette année » et que l’exécutif « refuse catégoriquement la dépénalisation de l’homosexualité, et en même temps rejette toute discrimination, quelle que soit sa nature, envers n’importe quel citoyen ».

Et dans un parallèle avec la peine de mort, taclant l’Arabie Saoudite, il affirme que ses évocations d’« ordures », ciblaient « des comportements et des pratiques », malpropres, sans référence toutefois aux personnes.

« Il y a des gens qui ont qualifié la peine de mort de barbarie. Ce ne sont pas les personnes ou les tribunaux qui sont visés, mais l’acte qu’est la peine de mort », ajoute-t-il, regrettant des « réactions virulentes, convulsives et aveuglées » à son égard, sans que l’on puisse faire « la différence entre ce que dit un ministre sur l’homosexualité dans un pays comme le Maroc, et ce que pourrait dire un ministre sur la question dans un pays européen » :

« Chez nous l’homosexualité est considérée comme un crime, et chez d’autres c’est un droit garanti par la loi », insiste M. Ramid.

Condamner l’homosexualité sans attaquer les homosexuels ? L’argument est récurent mais ne fonctionne pas.

Nous exhortons une nouvelle fois, sa majesté, le roi, Mohammed VI, « à appliquer ses prérogatives constitutionnelles pour protéger les Droits et les libertés », comme l’ont souligné dans leur pétition de nombreuses associations marocaines de défense des droits humains, dans cet objectif d’une abrogation de l’article 489 du Code pénal, qui pénalise les personnes homosexuelles (jusqu’à trois ans de prison et une amende).

STOP homophobie