Faut-il boycotter les Jeux olympiques d’hiver, organisés à Sotchi, en février 2014 ? La question est posée depuis l’attribution à la Russie de cet événement sportif, tant l’embarras est grand de voir ainsi cautionné un régime autoritaire qui bafoue les droits de l’homme.
Elle se repose avec d’autant plus d’acuité au lendemain des championnats du monde d’athlétisme qui viennent de se terminer à Moscou. En effet, en adoptant une loi qui stigmatise les homosexuels et interdit toute « propagande » de leurs orientations sexuelles, le régime de Vladimir Poutine a jeté le trouble et attisé la polémique dans les milieux sportifs, et au-delà.
On peut s’affliger d’avoir vu, à Moscou, la grande athlète russe Yelena Isinbayeva, approuver publiquement cette législation antihomosexuels. En déclarant que chez « les gens normaux, les hommes vivent avec les femmes, et les femmes avec les hommes », la championne du monde du saut à la perche s’est faite la porte-parole d’une politique intolérante. Mme Isinbayeva a certes déclaré par la suite qu’elle avait été « mal comprise », mais sans contester une loi qui piétine les valeurs de l’olympisme. Celles-ci, rappelons-le, professent « un esprit de meilleure compréhension mutuelle et d’amitié », pour « contribuer à un monde meilleur ».
Vladimir Poutine, à l’évidence, n’en a cure. Il entend bien, comme il vient de le faire à Moscou, utiliser pleinement le rendez-vous de Sotchi pour exalter sa propagande. Et il est loin d’être le premier à vouloir ainsi instrumentaliser les Jeux pour en retirer une forme de quitus politique sur la scène internationale. Les Jeux olympiques de Pékin, organisés après une répression massive au Tibet, avaient suscité des débats similaires en 2008 : fallait-il boycotter ou non ? Et le Comité international olympique ne s’est jamais vraiment distingué par une défense intransigeante des libertés fondamentales, dès lors que des flots d’argent permettaient de financer les JO.
L’olympisme est pris, de longue date, dans ce dilemme : comment se draper dans la promotion de certaines valeurs quand le pays hôte appartient au camp des dictatures ou des pouvoirs autoritaires ? Depuis les dérives idéologiques de Pierre de Coubertin et la tenue des JO dans l’Allemagne nazie en 1936, l’olympisme s’est beaucoup compromis avec la politique. L’olympisme porte en lui de lourdes ambiguïtés que le boycottage partiel des JO de Moscou en 1980 ou l’exclusion de l’Afrique du Sud de l’apartheid n’ont pas suffi à dissiper.
Vladimir Poutine entend faire des JO de Sotchi ceux de l’oubli : oubli des massacres de civils perpétrés dans le Caucase du Nord, oubli de son autoritarisme, oubli de l’écrasement de toute forme de protestation, oubli des lois attentatoires aux libertés. C’est pourquoi, à défaut d’un boycottage peu probable, ces Jeux ne devront pas être ceux du silence. Les dirigeants de pays démocratiques seraient bien inspirés de ne pas délivrer un blanc-seing au Kremlin et de conditionner leur présence à la cérémonie d’ouverture à des progrès concrets en matière de droits de l’homme en Russie. Le silence, lui, vaudrait complicité.
Aidez nous à dénoncez les conséquences des lois contre la « propagande » gay en Russie. Nos réactions dans le monde commence à affecter le régime politique de Monsieur Poutine.
Plus le nombre de noms recueillis sera élevé, plus la probabilité d’une action contre les lois homophobes russes, de la part du Comité international Olympique grandira, c’est pourquoi il est important de signer et de faire circuler les pétitions sans modération.
Avec LE MONDE