Chiffres à l’appui, un sociologue américain prétend que le soutien au mariage pour tous, chez les jeunes hommes, résulte de l’exposition quotidienne à la pornographie.
Mark Regnerus, jeune professeur associé de sociologie à l’Université du Texas, peut-être fier de lui. Il a réussi à accoucher d’une des études les plus stupides de l’année. Intitulée «Porn Use and Supporting Same-Sex Marriage», elle a été publiée le 20 décembre sur le site de l’Institut Witherspoon, une organisation chrétienne étroitement liée au fameux Family Reasearch Council, un influent lobby antigay basé à Washington.
Confusion sur la sexualité
Regnerus y avance que si une majorité de jeunes Américains soutiennent le mariage homosexuel, c’est parce qu’ils consomment beaucoup d’images pornographiques. Il brandit les résultats d’un questionnaire, où 54% des hommes qui regardent du porno tous les jours ou presque se disent pour le mariage gay, contre 13% de ceux qui en consomment un fois par mois ou moins souvent. Le chercheur dit parvenir à des résultats analogues sur la question de l’acceptation des familles homoparentales. Pour le sociologue, cette corrélation s’explique par les effets délétères du X sur l’esprit du mâle moyen. Il décrète que la pornographie «plonge les hommes dans la confusion quant au sexe comme moyen de procréation, en le décrivant de manière crue et diverse. Elle détruit le concept que dans l’acte sexuel, on partage corps et âme, de manière permanente et exclusive.» Conclusion de ce raisonnement aussi mince que tordu: «Contrairement à ce que l’on préférerait croire», le soutien au mariage «n’est pas le résultat d’idéaux sur l’extension des droits et des libertés et d’un engagement noble pour l’égalité».
Sur le site Queerty, Dan Avery démonte l’argument en deux coups de cuillère à pot: «Parce que les hommes qui reconnaissent regarder des films X sont honnêtes, ils émettent aussi moins jugement.»
«Bullshit»
A noter que Mark Regnerus s’est déjà illustré cette année par une étude farfelue sur les enfants de familles homoparentales, comme le rappelle Gay Star News. La recherche, totalement biaisée, avait pourtant été publiée dans le «Social Science Research», menant à un audit interne de la revue. Un comité avait relevé des erreurs méthodologiques grossières et qualifié le travail de Regnerus de «bullshit». Son université lui a néanmoins renouvelé sa confiance.
