Pour les Letzi Junxx, un club rassemblant des fans de football gay, le concordat contre la violence autour des stades rappelle le fichage policier des homos, il y a 40 ans.
Non à l’«érosion rampante des droits fondamentaux»: c’est sous cette bannière qu’un nouveau protagoniste entre dans la campagne sur le durcissement du concordat anti-hooligans. Letzi Junxx, le bloc de supporters LGBT du FC Zurich, prend position contre le concordat qui sera soumis au vote des citoyens du canton, le 9 juin prochain, note la «Limmattaler Zeitung».
Fichage
Le texte soumis au vote à Zurich (également en débat dans d’autres cantons) fait suite à une série de bagarres, de heurts avec la police et de scènes de vandalisme survenues ces derniers mois autour de rencontres de hockey sur glace et de football. L’arsenal élaboré par les Gouvernements et les polices vise à mieux canaliser les fans lors des déplacements, à restreindre la vente d’alcool et de fouiller les spectateurs. Il permet aussi d’étendre le fichage des supporters.
C’est ce dernier point qui dérange particulièrement les Letzi Junxx. Dans leur flyer distribué depuis la fin du mois dernier, ils dénoncent une mesure «arbitraire», n’hésitant pas à tirer un parallèle avec le registre d’homosexuels que le Canton de Zurich a entretenu jusqu’en 1979 – alors que l’homosexualité était dépénalisée depuis déjà des décennies. «Au lieu de poursuivre les délinquants de manière ciblée, tous les visiteurs des matches seront placés sous un soupçon généralisé», déplorent les Letzi Junxx. A l’instar d’une partie de la gauche, le club de supporters plaide pour un renforcement du dialogue avec les différents groupes de supporters, plutôt que pour un renforcement de la répression.
Outre le FC Zurich, deux autres clubs de football de 1re ligue suisse comprennent un bloc de supporters LGBT officiel: les Young Boys de Berne (Wankdorf Junxx) et le FC Bâle (Queerpass).
par François Touzain