Comme beaucoup d’entre nous, je ne lis que furtivement les commentaires qui pullulent dans les réseaux sociaux. Ils sont rarement édifiants et souvent teintés (ou carrément imbibés !) de xénophobie. Il en est un, toutefois, qui me démange grandement depuis la sortie du quatrième film de Xavier Dolan présenté à la Mostra (le film Tom à la ferme, qui aurait reçu, semble-t-il, un accueil plus que prometteur), et c’est celui, maintes fois évoqué – sur un sempiternel ton d’exaspération -, que Dolan aurait signé (eh oui, je vous le donne en mille !) « un autre film qui traite d’homosexualité ». Comme s’il était redondant, pour un cinéaste homosexuel, de traiter « encore une fois » d’amour homosexuel !
Est-ce qu’il viendrait un seul instant à l’esprit de ces internautes qu’il est redondant, pour un cinéaste hétérosexuel, de « traiter encore une fois d’amour hétérosexuel » dans ses oeuvres ? En quoi l’orientation sexuelle d’un cinéaste qui atteint à l’universel avec autant de brio obligerait-elle ce dernier à traiter ses films sous un angle qui ne soit pas le sien ? De deux choses l’une : soit ses détracteurs n’ont pas véritablement vu ses films (et la portée universelle de chacun de ceux-ci), soit l’homosexualité continue de provoquer chez eux un malaise qui dénote avec éloquence que la « cause gaie » est encore loin d’être assimilée dans la culture de masse. Hélas, j’ai tendance à croire que la deuxième option est la plus plausible.
Quoi qu’il en soit, je dis bravo à ce créateur de génie comme on en voit trop peu dans l’histoire de notre cinéma. Un être au talent immense, certes, mais qui ne se contente pas de surfer sur sa popularité. Qui avance, qui bouscule et ne cesse de se surpasser, pour notre plus grand bonheur (et honneur !).
Par Robert Campeau – Montréal, le 3 septembre 2013