L’Extra-pride de Münich : un évènement queer et racisé en Bavière

Du 20 au 21 juillet, à la veille de la 25ème conférence internationale de lutte contre le sida qui se déroulait à Münich du 22 au 26 Juillet, s’est tenue la seconde édition de l’Extra-pride de Münich.

Il s’agit d’un évènement unique dans la capitale bavaroise, puisque durant 2 jours à travers des performances artistiques, des prises de parole, des ateliers ou des soirées dansantes, les personnes LGBT+ « de couleur » – comme on dit en Allemagne – célèbrent leurs identités.

L’Extra-pride un outil culturel et politique

Parmi les artistes à l’honneur, il y avait le photographe mexicain Manuel Ricardo Garcia, Dj Mohsimo, Dj Rooja, la drag-queen Pinay Colada, le comédien Joaquin La Habana Reyes ou encore Alicia Darling ou l’illustrateur trans Ayan.

En outre, de nombreuses associations locales anti-racistes, de lutte contre l’homophobie, de lutte contre le VIH et de soutien aux demandeurs d’asile LGBT+ étaient présentes, à l’image de Beyond Color, People Like Us – Plus, Queer Bipocs Munich et Afrodiaspora 2.0.

Cette année, Stop Homophobie est allé à la rencontre des participants à Münich, à l’instar des rencontres faites lors de la dernière Pride radicale, le mois passé à Paris.

Répondre à un besoin d’autonomie affirmé

Stop Homophobie : « Quelles sont vos attentes vis à vis de l’Extra-Pride ? »

Manuel Ricardo Garcia : « Je suis le fondateur de cette manifestation politique et culturelle et il y avait besoin ici à Münich d’organiser un évènement pour nous rassembler.

Aussi, il y avait besoin d’espaces festifs et d’espaces de loisirs qui nous soient propres. Et à travers cette seconde édition l’on souhaite pérenniser dans la durée ce rendez-vous dans le paysage associatif de Münich.

Sheila Achieng : « Il faut dire qu’au sein du CSD de Münich, qui coordonne la marche des fiertés de la capitale bavaroise, l’on n’est pas toujours très visibles, ni très représentées, surtout en tant que femme noire et par conséquent, l’on devait remédier par nous-mêmes à cela ».

Manuel Ricardo Garcia : « Après comme vous pouvez le constater, l’Extra-Pride n’est pas un évènement fermé. Ainsi, les personnes de tout âge et de tout horizon sont les bienvenues, du moment qu’elles partagent notre socle de valeurs qui positive les apports des minorités visibles au sein de la communauté LGBT+.

Enfin, j’aimerais souligner que la municipalité de Münich nous soutient et elle a apporté son concours financier de manière déterminante afin de permettre à la programmation évènementielle de voir le jour».

L’Extra-pride comme outil de socialisation

Pour d’autres personnes rencontrées, notamment, Henry, Rebecca et Johny (pseudonymes), des demandeurs d’asile ougandais, l’Extra-pride semble représenter une parenthèse dans un quotidien pourtant loin d’être aisé, entre isolement social, difficultés administratives et barrières linguistiques où les possibilités de se faire des allemands sont rares.

A cet effet, Henry abonde, très disert : « Ca fait 4 ans que je suis demandeur d’asile en Allemagne et bien que je sois originaire d’un pays où désormais l’homosexualité est passible de la peine de mort, j’ai toujours le plus grand mal à voir mes entretiens avec les services d’immigration être couronnés de succès.

De plus, avec les allemands issus de l’immigration turque aujourd’hui intégrés à la société bavaroise, il semble parfois que les rapports soient emprunts d’une certaine méfiance qu’il reste encore à dissiper. En l’occurrence dans les services publics.