Vingt et un ans que l’#homosexualité n’est plus dans la liste des #maladies mentales répertoriées par l’Organisation mondiale de la santé. Pourtant, quatre-vingts Etats dans le monde continuent de violer les droits fondamentaux des personnes LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuelles, transexuelles et intersexes). La criminalisation de l’homosexualité atteint son paroxysme en Afrique et au Moyen-Orient. Et la tendance ne va pas en s’améliorant.
«L’homophobie politique et d’Etat s’est accrue en Afrique au cours de la dernière décennie», écrit l’ILGA (Association internationale LGBTI) dans son rapport 2011. «La possibilité d’une libéralisation des lois concernant l’orientation sexuelle et l’identité de genre s’est encore éloignée un peu plus.»
Et pour cause, trente-six Etats africains sur cinquante-trois interdisent officiellement les relations sexuelles entre personnes du même sexe. Les législations prévoient des peines pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement à vie (Sierra Leone, Tanzanie), voire la mort (Mauritanie, Soudan, Somalie, Nigéria).
Le passé colonial et la montée du fondamentalisme religieux expliqueraient en partie l’explosion de l’homophobie en Afrique. «Le phénomène est ancré dans des mauvaises lois, des situations politiques héritées de l’époque coloniale (…), dans des valeurs culturelles et familiales négatives, et dans les maux du patriarcat», analyse l’ILGA. Par conséquent, l’homophobie est «profondément enracinée» dans la culture religieuse, sociale et politique du continent.
A tel point que les populations LGBTI ont de la peine à accéder aux services sociaux les plus essentiels, comme la santé. De nombreux Etats africains n’incluent simplement pas les lesbiennes et les gays dans les dispositifs et services de santé sexuelle.
Les conséquences de cet ostracisme sont dévastratrices. La criminalisation de l’homosexualité prétérite par exemple la lutte contre le VIH/sida. Elle va à «l’encontre de la mise en œuvre des programmes efficaces d’éducation à la prévention de la maladie parce qu’elle conduit les minorités marginalisées à la clandestinité», note l’ILGA.
Malgré une aggravation de la situation, la cause des homosexuels avance lentement. Le combat des activistes a pris une ampleur considérable au cours des dix dernières années et la visibilité des droits LGBTI en Afrique croît sensiblement. Onze pays du continent ont désormais signé la Déclaration de l’ONU contre la pénalisation de l’homosexualité.
Si la lutte a permis de freiner des projets de loi anti-gay, notamment en Ouganda, c’est au prix d’une répression encore plus sévère sur le terrain. Torture, harcèlement, enfermements, crimes de haine et d’honneur, la liste est longue. Véhiculée par les médias, l’homophobie sur le continent sévit à tous les niveaux de la société, si bien que des milliers de personnes LGBTI sont venues chercher l’asile en Europe ou en Amérique. Elles ont parfois du mal à l’obtenir…
Pauline Cancela