On ne choisit pas d’être gay ou lesbienne. En Ouganda comme partout ailleurs sur cette planète. Pourtant, en Ouganda par exemple, il existe une loi contre l’homosexualité. Le président Yoweri Museveni a promulgué fin février un texte qui prévoit la détention à perpétuité pour des relations sexuelles entre adultes de même sexe et consentants. Certains parlementaires réclament même la peine de mort pour ce «crime».
A l’heure où le Pape fait des déclarations allant dans le sens de la tolérance vis-à-vis des homosexuels – «Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ?», a-t-il déclaré – ce sont les églises évangéliques qui mènent aujourd’hui le combat contre l’homosexualité en Afrique. Elles parlent de «fléau» qu’il faut éradiquer, répandent de fausses allégations au sujet des homosexuels, prétendant par exemple qu’ils «recrutent des enfants».
Ce climat haineux entraîne des agressions à l’égard des gays et lesbiennes. Un journal ougandais a publié il y a quatre ans une liste de cent personnalités qu’il soupçonnait d’être homosexuelles, avec leur photo et leur adresse, accompagnée du titre «Pendez-les !». Trois mois après, le leader de la cause homosexuelle, dont la photo figurait en une du journal, a été tué dans sa maison.
Depuis lors, les défenseurs et défenseuses des droits humains vivent dans la terreur. Kasha Jaqueline Nabagesera, lauréate de prix prestigieux en raison de son engagement, n’est pas à l’abri dans son propre pays. Elle change régulièrement de domicile, se cache et ne voit pratiquement plus sa famille. Tout cela parce qu’elle est lesbienne et qu’elle défend le droit des homosexuels à ne pas être discriminés en raison de leur orientation sexuelle.
Kasha va régulièrement en Suisse pour témoigner de la situation dramatique dans son pays, c’était le cas notamment lors de la Pride (marche des fiertés) à Zurich. Comme le rappelle Manon Schick, directrice de la section suisse d’Amnesty International, les défenseurs des droits des personnes LGBT ont besoin de protection. La reconnaissance que peuvent leur offrir les gouvernements européens est essentielle, car elle donne de la crédibilité et de la légitimité à leur lutte.
Face à cette nouvelle loi contre l’homosexualité, plusieurs gouvernements ont réagi en gelant l’aide au développement. Les Etats-Unis ont par exemple annoncé qu’ils allaient reconsidérer l’aide accordée à Kampala. Les Pays-Bas ont pour leur part suspendu l’aide au système judiciaire ougandais, mais maintenu l’assistance pour des projets sociaux, de façon à ne pas pénaliser la population.
Les sanctions qui auraient un impact négatif sur la population ne sont pas la panacée. Mais il est essentiel de maintenir la pression sur les autorités ougandaises ces prochains mois.
«Nous sommes des êtres humains comme les autres», martèle Kasha lors de ses conférences internationales. Son appel ne doit pas rester vain.