Si les grands médias du monde arabe avaient évité les excès verbaux après la fusillade à Orlando, sur Al-Jazira en revanche, un éditorialiste se lâche, rapporte le Courrier-International. Pour lui, l’homosexualité est un « signe de la décadence occidentale, l’occupation de la conscience de l’humanité », voire « la dernière guerre du Diable » :
« Rien dans l’islam n’autorise un individu musulman à exercer une autorité légale ou exécutive sur des déviants. […] Tuer quelqu’un qui n’est pas armé ni en train de vous agresser est un crime, peu importe qu’il soit atteint par la pathologie de la déviance », poursuit-il.
Condamnant seulement la démarche individuelle d’Omar Mateen, l’auteur de la fusillade, mais pas le fond idéologique de l’acte, l’éditorialiste n’hésite pas ainsi à utiliser le mot chadh, qui signifie « déviant » ou même « pervers » en arabe. Ces dernières années, presque tous les grands médias arabes avaient toutefois cessé d’utiliser ce terme à forte connotation dépréciative, voire insultante, au profit de « mithli », plus neutre, qui veut dire « homosexuel ».
Le choix des mots est en phase avec la dénonciation de « la grande guerre contre le mariage naturel entre l’homme et la femme », qui serait menée « par des gens agissant au sein de l’institution culturelle et politique occidentale » à travers « des pressions médiatiques et culturelles » afin « d’obliger le monde à accepter l’homosexualité ».
« Malheureusement, aux Etats-Unis, les forces de refus moral et religieux dans les églises et dans les médias ont été affaiblies », déplore-t-il également. Aussi faut-il provoquer un sursaut mondial pour faire de la famille « le dernier bastion pour sauver l’humanité » et pour lui assurer « la santé, la descendance, une conduite morale et la stabilité psychologique ».
Si l’auteur condamne Daech, « qui ne fait qu’alimenter l’islamophobie », c’est pour mieux plaider la cause du « discours islamique [qui doit] contrer la culture déviante » :
« Les religions monothéistes considèrent que la déviance sexuelle est une réalité dans le monde contemporain et qu’il faut faire avec, en tant que comportement criminel et déviant devant être puni ou soigné. Mais elles ne l’ont pas autorisée pour autant. […] Il s’agit d’un des signes de la décadence occidentale extrémiste, utilisée comme moyen de pression politique pour envahir le monde et y répandre une épidémie. »