Dans une région où les homosexuels sont stigmatisés, des médecins de la Société libanaise de psychiatrie dénoncent les procédés qui visent à les «guérir».
C’est une première au Moyen-Orient. Choquée par des cas récents d’abus à l’encontre de la communauté gay et par l’apologie de certains psychologues adeptes de la «thérapie réparatrice», la Société libanaise de psychiatrie (LPS) a voulu rappeler quelques vérités scientifiques concernant l’homosexualité.
«L’homosexualité n’est pas un trouble mental», écrit la LPS dans un communiqué diffusé par le journal L’Orient le Jour. Rappelant que l’American Psychological Association a cessé de considérer l’homosexualité comme une maladie en 1973, elle rajoute que «l’homosexualité en soi n’implique aucune altération du jugement, de la stabilité ou des capacités sociales générales ou professionnelles».
La LPS dénonce surtout la «thérapie réparatrice», utilisée par de nombreux médecins au Liban pour modifier l’orientation sexuelle de leur patient. «Nous en appelons aux professionnels de la santé mentale pour qu’ils s’en tiennent uniquement à la science quand ils expriment une opinion, ou lorsqu’ils administrent un traitement», peut-on lire dans le communiqué.
L’homosexualité n’est pas une «maladie»
L’incitation à la «reconversion sexuelle» est souvent portée par la religion et est popularisée dans des talk-show. Un homme, se présentant comme un «ex-gay», a ainsi comparé son «retour» à l’hétérosexualité comme un «retour à la foi», rapporte le groupe Facebook «Lebanese LGBT Media Monitor» (en français: moniteur libanais LGBT des médias). D’autres talk-show ont présenté l’homosexualité comme étant une «maladie».
Un avis partagé par de nombreux médecins, tel le Dr Nabil Khoury. Ce dernier a fait une intervention remarquée sur OTV dans laquelle il juge que l’homosexualité est «pathologique» et due, le plus souvent, à des abus sexuels antérieurs. Des propos rapidement dénoncés par l’association médicale libanaise pour la santé sexuelle. «Le Dr. Khoury ne tient pas compte des connaissances actuelles basées sur des recherches scientifiques concernant l’homosexualité. Par contre, il discute des idéologies différentes qui expliquent l’homosexualité d’un point de vue personnel», écrit l’association.
En général, il ne fait pas bon être gay au Liban. La déclaration de la LPS, qui se veut «purement médicale», ne fait pas référence à l’article 534 du code pénal libanais, utilisé pour punir les actes homosexuels. Les homosexuels et transgenres sont fréquemment la cible d’intimidations et d’attaques de la police, dénoncées par l’association LGBT Helem. L’année dernière, une trentaine d’homosexuels arrêtés à Beyrouth ont subi des tests anaux, les «tests de la honte».
La polémique suscitée était telle qu’elle a contribué à l’interdiction de cette procédure par l’Ordre des médecins. En outre, Human Rights Watch a dénoncé en juin la torture des gays, des lesbiennes, des transsexuels et des travailleurs du sexe par les forces de la sécurité nationale libanaise.
Source : lefigaro.fr