La police libanaise torture des personnes vulnérables placées en garde à vue ou détenues, dont des toxicomanes, des prostitués et des homosexuels, a accusé Human Rights Watch dans un rapport publié mercredi.
« Les mauvais traitements sont monnaie courante dans les postes de police au Liban, mais la situation est encore pire pour certaines personnes comme les consommateurs de drogue ou travailleurs du sexe », a déploré le directeur adjoint pour le Moyen Orient de HRW, Nadim Houry.
L’organisation de défense des droits de l’Homme, basée à New York, a eu des entretiens avec plus de 50 personnes arrêtées ces cinq dernières années pour consommation de drogue, prostitution ou homosexualité, dont la plupart ont indiqué avoir subi différentes formes de torture et de mauvais traitements.
« Ils m’ont emmené nu à l’interrogatoire, m’ont versé de l’eau froide dessus, m’ont attaché à un bureau avec une chaîne et m’ont pendu » dans une position douloureuse, a raconté à HRW Mohamed, arrêté pour possession de drogue.
« Ils ont cassé toutes mes dents et mon nez, et m’ont frappé avec un fusil jusqu’à ce que mon épaule se démette ».
D’autres personnes arrêtées ont indiqué avoir été privées de nourriture, d’eau ou de médicaments, ainsi que des appels téléphoniques familiaux réglementaires ou d’accès à un avocat.
Les femmes, notamment celles qui sont accusées de prostitution, ont fait état d’abus sexuels, y compris de viols.
« Ils ne nous considèrent pas comme des êtres humains », a affirmé à HRW Soumaya, une prostituée qui dit avoir été agressée sexuellement par des officiers de police.
HRW a déploré que les mécanismes existants pour protéger les prisonniers se révèlent inefficaces, notant que dans certaines prisons où sont installées des caméras de surveillance, les policiers placent le détenu hors du champ de la caméra avant de le frapper.
L’organe chargé de contrôler de telles violations, le comité des droits de l’Homme des Forces de sécurité intérieures, manque de personnel et n’a pas de réel pouvoir, tandis que la justice « ignore régulièrement » des plaintes concernant les violences policières.
HRW a appelé le Liban à créer un organisme indépendant chargé d’inspecter les centres de détention, à réviser le code pénal pour mieux protéger les droits des détenus et à annuler les lois rendant criminels l’homosexualité, l’usage de drogue et la prostitution.
Il a en outre appelé les pays finançant la formation des forces de sécurité libanaises à s' »assurer que leur aide soutient des mécanismes de contrôle interne ».
(Source AFP)