Licencié après avoir demandé un congé parental, un père gay attaque Sanofi en justice en Argentine

Leonardo Hatanaka, cadre brésilien expatrié en Argentine, a été licencié par la filiale locale du groupe pharmaceutique Sanofi douze jours après avoir demandé un congé parental de six mois pour la naissance de son fils Matteo, né d’une gestation pour autrui (GPA). Il dénonce une mesure discriminatoire, liée à son orientation sexuelle, son identité de genre et sa nationalité.

En février 2023, alors directeur senior chez Genzyme de Argentina S.A., Hatanaka informe son employeur de l’arrivée imminente de son enfant et sollicite un congé de 180 jours. Une durée en accord avec la politique inclusive du groupe pharmaceutique, qui prévoit des congés parentaux équitables, quel que soit le genre ou la configuration familiale. Moins de deux semaines plus tard, il est licencié, sans justification claire. Aucun accompagnement ne lui est proposé. Ni soutien, ni couverture médicale pour l’enfant, pourtant reconnu légalement par ses deux parents.

L’Institut national contre la discrimination, la xénophobie et le racisme (INADI), dissous depuis par le gouvernement Milei, a conclu en novembre 2023 que cette rupture de contrat relevait d’une discrimination fondée sur l’orientation sexuelle. La Direction générale de la diversité à Buenos Aires évoque, de son côté, une forme de xénophobie institutionnelle.

L’affaire a dépassé les frontières argentines. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme l’a citée dans un rapport sur les discriminations au travail visant les personnes LGBTQ+. Malgré deux décisions judiciaires en faveur de M. Hatanaka, Sanofi n’a ni reconnu sa responsabilité, ni présenté d’excuses, ni engagé de démarche de réparation. La première décision ordonnant sa réintégration a été annulée en appel, le contraignant à porter l’affaire devant la Cour supérieure de justice de Buenos Aires.

Ce dossier pourrait faire jurisprudence sur un continent où les familles LGBTQ+ se heurtent encore à de fortes résistances, tant juridiques que sociales.

Leonardo Hatanaka espère que sa démarche profitera à d’autres familles :
« Je suis un homme gay, étranger, non-binaire. J’ai simplement voulu exercer mon droit à prendre soin de mon enfant. Mais à un moment aussi vulnérable, l’entreprise a choisi de m’abandonner. »
Il appelle les entreprises à ne pas se contenter de discours sur l’inclusion, mais à les traduire en actes.
« Fonder une famille devrait être un droit respecté, pas un motif de sanction », conclut-il.