Liège : Une stèle à la mémoire d’Ihsane Jarfi

Une plaque commémorative a été inaugurée ce mardi à Liège, en hommage à Ihsane Jarfi, à côté de l’endroit où il a été enlevé en avril 2012. C’est dans la petite rue des Mineurs, qui fait la jonction entre la place du Marché et la rue Hors-Château, au centre-ville de Liège, à la sortie de l’Open Bar, un endroit pourtant fréquenté par la communauté homosexuelle que Ihsane Jarfi avait été enlevé par quatre individus.

Son corps était retrouvé quelques jours plus tard du côté de Nandrin, suscitant une vive émotion à Liège et ailleurs. Pour la première fois en effet le caractère homophobe d’un homicide était reconnu et retenu par la justice. Les quatre auteurs présumés des faits, pour rappel, comparaîtront devant la cour d’assises de Liège au cours d’un procès qui débutera en novembre.

Une-stèle-à-la-mémoire-d’Ihsane-JarfiCe mardi 7 octobre, une plaque commémorative a été inaugurée par les autorités de la Ville de Liège et la famille d’Ihsane Jarfi, en présence de proches, de représentants des mondes politique, associatif et culturel dans cette même rue des Mineurs, à deux pas des lieux de l’enlèvement.

Cet hommage a été mis sur pied par les proches, la Ville et la Fondation Ihsane Jarfi, laquelle a vu le jour le 6 février dernier dans le but de lutter contre les discriminations, défendre les droits à la différence et sensibiliser, aux moyens d’initatives culturelles notamment.

«La plaque commémorative a été créée dans un matériau qui résiste aux intempéries. Elle représente de manière stylisée le drapeau gay», précise Pascal Cavelier, le directeur général de la Fondation Ihsane Jarfi.

«Les faits commis en avril 2012 sont un tremblement de terre qui a emporté mon fils», commente Hassan Jarfi. À l’aide notamment de cet hommage, «nous devons permettre à cette petite rose d’émerger des décombres et de se développer de manière pédagogique.» Le père de la victime, depuis la disparition d’Ihsane, s’est à de nombreuses occasions manifesté contre les discriminations et pour la sensibilisation de la société par rapport à cette problématique. Hassan Jarfi est également l’auteur d’un ouvrage paru au printemps 2013 aux éditions Luc Pire, «Ihsane Jarfi, le couloir du deuil».

Un concert pour lutter contre la barbarie

La Fondation Ihsane Jarfi a mis sur pied une première organisation culturelle d’envergure, avec la collaboration de l’Orchestre philharmonique royal de Liège (OPRL), une de de ses institutions partenaires.

Le concert «Musique contre barbarie» se déroulera le mercredi 26 novembre 2014 à la Salle philharmonique de Liège. Il rassemblera les musiciens de l’OPRL, une cheffe d’orchestre française et des solistes de la Chapelle musicale Reine Élisabeth.

Le prix des places, en fonction de la catégorie, est fixé à 19, 30 ou 38€. Les bénéfices seront reversés à la Fondation Ihsane Jarfi. Les informations se trouvent sur www.oprl.be.

« Le souvenir d’Ihsane nous habite, tous les jours, a déclaré Hassan Jarfi (le papa). Et particulièrement aujourd’hui (…) Cette plaque rappellera aux gens qu’à cet endroit quelqu’un a été enlevé et tué. C’est en quelque sorte une invitation à lutter contre toute forme d’homophobie. »

« Nous avons voulu cette plaque extrêmement sobre, commente pour sa part Bernard Thiry (directeur général du groupe Ethias et président de la Fondation Jarfi, à l’origine de l’initiative), avec les couleurs de la communauté sexuelle dont faisait partie Ihsane. Sur la partie supérieure de la stèle, on trouve une sorte de drapeau gay stylisé. »

Outre la volonté de conserver ce drame dans la mémoire collective, « nous voulons aussi sensibiliser un public le plus large possible à la nécessité d’accepter la différence, la diversité. »

Sur la photo : Pascal Cavelier, le directeur de la Fondation Ihsane Jarfi, aux côtés du père de la victime, Hassan Jarfi.

www.fondation-ihsane-jarfi.be