Lille : 4 hommes en garde à vue après l’agression homophobe contre un bar gay

Quatre hommes, soupçonnés d’avoir blessé mercredi soir trois employés d’un bar gay du centre de Lille et d’avoir commis des dégradations, ont été interpellés peu après et placés en garde à vue, a déclaré jeudi le procureur de Lille.

L’agression a eu lieu vers 22H00, lorsque « quatre individus (…) de 25 à 35 ans, crâne rasé, tatoués » sont arrivés devant le bar, a expliqué mercredi soir Yohan J., le propriétaire du Vice-Versa, qui dit avoir été insulté en raison de son homosexualité.

Devant le refus du gérant de « baisser les yeux », les quatre hommes « ont pris le mobilier » installé en terrasse et « l’ont jeté dans la vitrine », selon le propriétaire, qui dit avoir « pris une chaise en pleine tête ».

Selon le gérant, son associé et un serveur ont également été blessés, notamment au nez.

Arrivée sur place après une dizaine de minutes, la police a rapidement repéré les quatre agresseurs présumés dans les rues voisines, le propriétaire du bar les ayant reconnus.

Les quatre hommes sont poursuivis pour des dégradations volontaires en réunion et des violences volontaires sur personnes en raison de leur orientation sexuelle, a indiqué le procureur de la République de Lille, Frédéric Fèvre.

Ils devraient être déférés vendredi dans la journée au parquet de Lille.

« Les réquisitions du parquet seront sévères« , a-t-il assuré.

« Des propos homophobes ont été tenus. (…) Il s’agit de faits très graves, qui méritent une réponse rapide et empreinte de fermeté », a ajouté le procureur.

Le propriétaire du bar s’est dit convaincu que l’agression était liée à la « tension » entourant le débat sur le mariage homosexuel.

L’agression a été condamnée jeudi par l’Elysée, le gouvernement et des membres de l’opposition.

Le président François Hollande a dénoncé de manière générale les actes « homophobes » et « violents » commis par des opposants au mariage homosexuel, rappelant qu' »aucune manifestation » ne devait « dégénérer ».

Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a dénoncé une agression « homophobe«  et des actes « inadmissibles ».

Yves Jégo, délégué général de l’UDI, a également dénoncé un regain de haine homophobe et demandé à l’ensemble des formations politiques d’appeler « au calme » et à renoncer « à toute manifestation de rue ».

La maire de Lille Martine Aubry s’est dite dans un communiqué « profondément choquée par l’agression intolérable » qui a eu lieu mercredi soir, estimant qu’« au-delà du débat démocratique » sur le mariage pour tous, « rien ne peut justifier le recours à la violence attisée par les propos de certains dirigeants du mouvement d’opposition au texte au niveau national ».

L’enquête a été confiée au commissariat de police de Lille.

Des réactions sur Twitter ont mis en cause un groupe d’identitaires flamands photographiés dans le quartier peu avant l’attaque du bar gay. Un rassemblement contre le mariage homosexuel s’était déroulées dans l’après-midi en ville.

« Ce nouvel épisode de violences homophobes est directement le fruit de la montée de la haine, de l’intolérance, et de l’homophobie en France, conséquences d’un climat général cultivé par les opposants prétendant lutter contre l’ouverture du mariage et de l’adoption, alors qu’ils ne renvoient les personnes et les couples homosexuels qu’à une sous-citoyenneté, aux droits inférieurs », déplore la Fédération LGBT dans un communiqué.

Elle condamne « fermement » cette agression et enjoint le parquet de Lille à retenir la circonstance aggravante de la commission des faits à raison de l’orientation sexuelle des victimes, tant pour les injures que pour les agressions et destructions. « Cette circonstance aggravante est, dans les faits et symboliquement, bien supérieure à la commission des faits en réunion, puisque ces hommes venaient volontairement agresser des homosexuels », souligne la Fédération LGBT.

Le SNEG , lui aussi condamne « avec la plus grande fermeté cette agression motivée par la seule homophobie qui intervient sur fond de débat sur le mariage gay ».

Le syndicat qui fédère les établissements gay demande à l’ensemble de la classe politique de  « retrouver de la mesure et de la dignité, aux pouvoirs publics de faire cesser les provocations et les actes de violence, de protéger les homosexuels et les lieux qu’ils fréquentent ».

Le SNEG invite l’ensemble des établissements gays « à veiller à protéger au mieux leur clientèle, à dénoncer et se mobiliser face à cette homophobie » et soutien la manifestation organisée dimanche 21 avril à 15 h Place de la Bastille « pour protester contre ce déferlement de haine ».

Le Parti socialiste dénonce « avec la plus grande force l’attaque d’un bar gay à Lille et l’agression de plusieurs salariés et clients de ce bar, ainsi que l’agression de journalistes et des forces de l’ordre à quelques pas de l’Assemblée nationale », mercredi soir, écrit Marc Coatanéa, secrétaire national du PS aux questions de société dans un premier communiqué.

Le mariage pour tous est un prétexte à un grand défoulement homophobe?!

(Avec AFP)