L’Inconnu du Lac : Aurélie Filippetti dénonce la «censure»

Les mots sont durs: «La ministre voit là un acte de censure qui porte atteinte à la liberté de communication et d’expression», annonce le cabinet d’Aurélie Filippetti dans un communiqué officiel. La réaction de la ministre quant à l’esclandre provoquée après le retrait des affiches de L’Inconnu du Lac à Saint-Cloud et Versailles ne s’est donc pas faite attendre. En cause: le visuel, réalisé par l’illustrateur Tom de Pékin, montrant un couple d’hommes s’embrasser et un autre en pleins ébats, en arrière-plan. Cette mise en scène n’a pas été du goût d’une poignée de Coldoaldiens et Versaillais, qui se sont plaints auprès de leurs mairies respectives.

Pour Aurélie Filippetti, la création prime: «Cette affiche […] transpose, avec la liberté artistique qui doit être reconnue à tout créateur, le propos et l’ambiance du film. Elle ne présente pas les risques pour l’ordre public qui pourraient justifier des mesures de restrictions par les autorités compétentes.», affirme-t-elle dans le communiqué.

Un retrait «surprenant»

«Cette atteinte est d’autant plus surprenante que l’affiche a été reproduite dans la plupart des médias alors que le film était dans sa phase promotionnelle en vue de sa programmation au festival de Cannes», s’étonne-t-elle plus loin. Il est vrai que l’Inconnu du Lac a été très bien accueilli sur la Croisette, où il a suscité un vif enthousiasme de la part des critiques. Il a même été pressenti pour la Palme d’Or, mais elle a finalement été remise à La Vie d’Adèle d’Adbdellatif Kechiche, dont l’intrigue se concentre également sur une histoire d’amour homosexuelle, cette fois entre une lycéenne (Adèle Exarchopoulos) et une artiste marginale (Léa Seydoux).

De l’autre côté du périphérique, on se renvoie la balle: la mairie de Versailles affirme que JC Decaux, l’entreprise d’affichage publicitaire, a décidé d’elle même de retirer les affiches du film d’Alain Guiraudie. Celle-ci affirme, au contraire, avoir agi «à la demande des mairies». À la mairie de Saint-Cloud, on ne se cache pas d’en avoir exprimé le souhait, suite à une vingtaine de riverains choqués venus sonner à sa porte.

Pour la ministre, cette situation ne peut durer. Elle dit espérer «que les canaux de diffusion en petite et grande couronne normalement envisagés pour toute sortie comparable seront rétablis dans les meilleurs délais».

Un appel a dores et déjà été lancé sur les réseaux sociaux, soutenu par le festival LGBT Chéries-Chéris, pour manifester mercredi devant la mairie de Saint-Cloud en guise de protestation.

lefigaro.fr