Un appel lancé sur les réseaux sociaux, soutenu par le festival LGBT Chéries-Chéris, appelle à manifester mercredi 12 juin devant la mairie de Saint-Cloud pour protester contre le décrochage des affiches du film d’Alain Guiraudie.
Le rendez-vous est pris à 19h15, devant l’hôtel de ville de Saint-Cloud pour un «kiss-in», une manifestation consistant à s’embrasser sur la voie publique. Cet appel fort, après le retrait des affiches du quatrième long-métrage d’Alain Guiraudie des villes de Saint-Cloud et Versailles en début de semaine, émane des réseaux sociaux, sans que les initiateurs de l’événement ne soient encore connus.
Contactée ce matin par téléphone, Pascale Ourbih, présidente du festival parisien Chéries-Chéris, soutient la démarche et milite pour que l’on affiche librement dans les rues L’Inconnu du la c : «Nous espérons une sanction politique forte et symbolique, pour montrer aux gens qu’il y a des droits à respecter.» Représentante du festival de cinéma LGBT (lesbien, gay, bi et transsexuel) depuis 2008, elle se dit «solidaire et très inquiète» du climat «nauséabond» qui règne selon elle en France depuis le début des débats sur la loi Mariage pour tous.
Un rejet symbolique?
Réalisé par la régie publicitaire JCDecaux, le retrait des affiches fait suite à la demande d’habitants mécontents, selon Rue89. Le site indiquait lundi qu’il s’agissait de «plaintes d’une vingtaine de Clodoaldiens (Les habitants de Saint-Cloud, NDLR)» choqués par la représentation explicite d’actes sexuels.
Contacté par l’AFP, le cabinet du maire de Versailles François de Mazières, particulièrement engagé contre le mariage pour tous, a assuré pour sa part que JCDecaux était à l’origine des mesures de retrait. De son côté, le groupe français spécialisé dans la publicité urbaine a nié, soutenant avoir enlevé les affiches «à la demande des mairies».
L’objet du scandale figure deux hommes s’embrassant à pleine bouche, avec en arrière-plan des plagistes nus, dont un homme pratiquant une fellation à un autre. L’extrême stylisation du dessin de l’affiche et les couleurs franches atténuent néanmoins la teneur crue de ce qui est montré. Régine Vial, responsable du distributeur du long-métrage Les films du Losange, se dit d’ailleurs «surprise» et «déçue» par la décision de ces deux communes franciliennes. «L’affiche est très travaillée, très belle (…) elle se trouve sur 350 autres panneaux publicitaires et ça ne pose pas de problème», a-t-elle estimé.
La distributrice souligne combien l’indignation ou la colère des habitants reste un phénomène localisé, s’inscrivant assez logiquement dans les débats autour de la loi mariage pour tous, étendus à tous les niveaux de la société.
Par Pauline Labadie