L’association Civitas, proche de l’extrême droite catholique, se revendique désormais comme un « mouvement politique inspiré par le droit naturel et la doctrine sociale de l’Église catholique ». Considéré comme le bras séculier de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX, traditionalistes lefebvristes), Civitas a vu sa structure de gestion « agréée en qualité d’association de financement » de parti politique, selon une décision parue le 12 juin au Journal officiel.
Un acte incompréhensible pour le député des radicaux de gauche, Olivier Falorni :
La démocratie c’est le mal. La démocratie c’est la mort. La démocratie c’est le mensonge. Voilà la profession de foi de l’officine catholique intégriste Civitas. C’est donc avec stupeur que j’ai découvert que Civitas venait d’obtenir son agrément pour devenir un parti politique.
« Civitas, sorti par la porte, rentre par la fenêtre », déplore Olivier Falorni (apparenté Parti radical de gauche), alors que l’association avait été privée en janvier de la capacité de délivrer des reçus permettant à ses donateurs de bénéficier d’une déduction fiscale. « Le contribuable n’a pas à financer le fonctionnement d’une association qui prône la discrimination, prêche la haine, conteste la démocratie », a ajouté le député de Charente-Maritime. Comme tout parti politique, Civitas, qui s’était illustré lors de la mobilisation contre le mariage pour tous, en tenant des propos homophobes et racistes, peut désormais recevoir des dons jusqu’à 7 500 euros par personne, avec une possibilité de réduction d’impôt de 66 %.
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« Dois-je rappeler que Civitas a organisé des manifestations contre, je cite, ‘l’homo-folie’ aux cris de ‘non aux PD, la famille c’est sacrée’ et dont de nombreux militants assimilaient ouvertement l’homosexualité avec la zoophilie et la pédophilie ? Rien d’étonnant à cela d’ailleurs, tous les fanatismes qu’ils soient islamistes ou intégristes se retrouvent souvent à propager les mêmes abominations », insiste le parlementaire, qui a écrit lundi au ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, pour dénoncer ce « véritable scandale » : « Je ne peux accepter qu’on ait demain des bulletins de vote Civitas alors que cette organisation prône une théocratie totalitaire, ne s’intègre pas dans le champ d’une république laïque ».
Joint par l’Agence France-Presse, le président de Civitas, Alain Escada, a dit ne pas voir « pourquoi les mouvements pro-vie, pro-famille, catholiques enracinés ne pourraient pas disposer d’une représentation politique autonome ».
« Que le lobby LGBT et les organisations laïcistes se rassurent. Nous n’allons pas seulement utiliser notre avantage fiscal, nous allons les ennuyer beaucoup plus que cela ! »
Il a promis d’expliquer en septembre cette « entrée sur la scène politique, ainsi que la stratégie qu(‘ils) compt(ent) mettre en oeuvre ». « Il est évident que nous sommes aujourd’hui des orphelins politiques », a-t-il relevé, en disant ne pas se reconnaître, par exemple, dans le programme du Front national. « Le calendrier ne nous permet pas d’envisager l’échéance de la présidentielle, mais il est évident que nous allons tenter de jouer un rôle en faisant entendre notre point de vue », a encore indiqué Alain Escada, disant défendre « une troisième voie, celle du catholicisme social, entre le libéralisme capitaliste et le socialo-marxisme ».