Lois anti-homosexualité en Ouganda : des sanctions à double tranchant

Il y a un an, les Etats-Unis ont mis en place des sanctions contre l’Ouganda qui a durci les lois criminalisant les homosexuels : les financements d’organisations qui ne respectent pas les droits élémentaires de la communauté LGBT ont été supprimés, de même que le budget qui servait à rémunérer certains ministres, et des personnalités ougandaises sont désormais privées de visas vers les Etats-Unis.

Pepe Onziema est l’un des activistes qui porte la cause des homosexuels ougandais. De passage à Washington, il fait un bilan négatif des conséquences de ces sanctions américaines contre Kampala.

Lorsque les Etats-Unis ont mis en place l’an dernier des sanctions destinées à pénaliser les organisations ougandaises, publiques ou privées, qui ne respectent pas les droits des homosexuels, l’idée, vue de Washington, semblait efficace. Mais Pepe Onziema, qui milite pour les droits de la communauté LGBT dans son pays reste sceptique.

« Le gouvernement est devenu encore plus arrogant à notre égard, note-t-il. Cela signifie que le but recherché par les sanctions n’a pas été atteint, surtout pour la communauté LGBT. Cela a peut-être permis un meilleur dialogue entre les gouvernements, mais pour nous sur le terrain, nous en avons subi les conséquences. Je regarde en permanence par-dessus mon épaule de peur d’être attaqué. Je reçois des menaces par téléphone. Certains jours ça va, raconte le militant, vous pouvez avoir un rendez-vous avec un parlementaire, vous pouvez même aller dans une clinique, on va vous regarder, mais on va quand même vous soigner, et certains jours vous ne pouvez pas quitter la maison. C’est imprévisible. Mais on me connaît dans ma communauté, et je ne cède pas à la peur qu’on tente de nous imposer. »

A l’initiative d’activistes tel que Pepe Onziema, une action en justice a été intentée aux Etats-Unis, voilà un an, contre le pasteur Scott Lively. Ce citoyen américain est considéré comme l’un des inspirateurs des lois homophobes en Ouganda. Un tribunal fédéral a accepté la plainte. C’est une première.

Anne-Marie Capomaccio