Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) s’est déclaré « profondément préoccupé » par l’arrestation de plus de 180 personnes « perçues comme lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres », en Azerbaïdjan, Egypte et Indonésie. Des victimes par ailleurs maltraitées par les forces de l’ordre, souligne l’organisme dans son communiqué.
« En Azerbaïdjan, comme viennent de le dire plusieurs experts indépendants, plus de 80 personnes présumées homosexuelles ou transgenres ont été arrêtées à Bakou depuis la mi-septembre. Certaines auraient subi des chocs électriques, des passages à tabac, des rasages forcés et diverses autres formes d’humiliation apparemment dans le but qu’elles se dénoncent et dénoncent d’autres personnes. Bien que toutes les personnes détenues aient été libérées, plusieurs ont purgé des peines de détention administrative pour ‘hooliganisme’ et ‘résistance à un ordre de la police’. Beaucoup ont été obligées de subir des examens médicaux et les autorités ont divulgué aux médias les informations sur leur état de santé », a déclaré, ce vendredi, le porte-parole du HCDH, Rupert Colville, lors d’un point de presse à Genève.
En Egypte, plus de 50 personnes ont également été arrêtées ces dernières semaines en raison de leur orientation sexuelle ou identité de genre, ou « pour avoir brandi un drapeau arc-en-ciel » lors du concert du groupe libanais Mashrou’ Leila. Une autre, pour « la création d’une page sur Facebook ». Dans certains cas, des personnes auraient été arrêtées après avoir été piégées par des responsables des forces de l’ordre sur des applications, type Grindr, et forums de discussion sur Internet.
Les accusations incluent ‘débauche habituelle’, ‘incitation à l’indécence et à la débauche’ et ‘adhésion à un groupe interdit’, précise le porte-parole du HCDH. Au moins dix hommes ont été condamnés à une peine de prison d’un à six ans. Les autres sont en attente de jugement et quelques-uns ont été libérés. Plusieurs de ces détenus ont été soumis à des ‘examens’ physiques intrusifs. Dans de nombreux cas, les droits de procédure régulière semblent avoir été violés.
En Indonésie, plus de 50 personnes ont été arrêtées, dont plusieurs étrangers, ce vendredi 6 octobre, dans un sauna à Djakarta, en raison de leur orientation sexuelle perçue.
Alors que beaucoup ont été relâchés depuis, quatre hommes et une femme ont toutefois été inculpés « en vertu d’une loi vague sur la pornographie », utilisée pour arrêter des personnes ayant eu des relations homosexuelles consensuelles.
« Arrêter ou détenir des personnes en fonction de leur orientation sexuelle ou de leur identité sexuelle réelle ou perçue est par définition arbitraire et viole le droit international », a dit M. Colville. « Arrêter et détenir des personnes pour s’être exprimé légitimement – y compris en arborant un drapeau arc-en-ciel – est également arbitraire et viole le droit des individus à la liberté d’expression ».
« Dans les trois pays, les autorités ont affirmé que les personnes arrêtées étaient impliquées dans la prostitution – bien que dans presque tous les cas, les accusés aient nié ces allégations ou indiqué avoir été contraints d’avouer leur participation. Quoi qu’il en soit, les experts des droits de l’homme des Nations Unies ont souligné que les États devraient abroger les lois qui criminalisent les travailleurs du sexe ».
Selon le HCDH, l’Azerbaïdjan, l’Égypte et l’Indonésie devraient prendre « des mesures immédiates pour libérer toute personne détenue sur la base de son orientation sexuelle ou de son identité sexuelle réelle ou perçue », « abandonner les accusations fondées sur des lois vaguement formulées et discriminatoires » et « abroger ces lois conformément à leurs obligations juridiques internationales et les recommandations des Nations Unies. »
« Ils devraient également libérer immédiatement toutes les personnes détenues pour avoir légitimement exercé leur droit à la liberté d’expression », a insisté M. Colville.
« L’Égypte devrait interdire d’urgence la pratique d’examens physiques intrusifs et l’Azerbaïdjan devrait immédiatement cesser de soumettre des personnes à des tests et examens médicaux imposés ou forcés qui violent l’interdiction internationale de la torture et des mauvais traitements », a-t-il ajouté. « Les allégations de torture et de mauvais traitements devraient faire l’objet d’une enquête rapide et approfondie ; et, s’ils sont reconnus coupables, les auteurs présumés devraient être punis ».
75 États criminalisent encore aujourd’hui les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres, dont 13 qui prévoient la peine de mort. Cette situation n’est pas acceptable.
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