Un baromètre de la lutte contre l’homophobie dans les politiques publiques a été dressé dans les cinquantes grandes villes françaises par le comité Idaho. Le résultat montre de grands écarts, et une marge de progression conséquente.
Ex-æquo avec Amiens, on peut dire que Paris tient officiellement le haut du pavé dans la lutte contre l’homophobie. Un baromètre des politiques publiques a été dressé par le comité Idaho et le think tank République et diversité, avec la participation de Roselyne Bachelot, dont on se souvient de l’engagement en faveur du pacs. Il note sur une échelle de cent les performances des cinquante plus grandes villes de France dans ce domaine. Le moins que l’on puisse dire, c’est que sur cette échelle, la marge de progression est importante.
Quatre villes seulement ont une politique jugée bonne, avec un résultat de plus de 50. Onze se situent entre 50 et 20, sept entre 20 et 10 et 20 entre 0 et 10. Il est à noter que huit municipalités ont réussi à obtenir un score négatif.
Ce qui frappe d’abord à la vue de ces résultats, c’est que la note moyenne, à 16 sur 100, est extrêmement basse. Il en résulte des écarts très importants, ne serait-ce qu’entre les premiers, Paris et Amiens, qui réalisent un score de 70, et le troisième, Nancy, à 57. La majorité des villes se situent en fait en-dessous de 10 points.
Juger l’action sur le terrain et les politiques internes
Et les mauvais élèves? « Il y a des villes qui ont un score négatif, explique Louis-Georges Tin, le directeur du comité Idaho. Cela vient sanctionner les villes qui ont participé, d’une manière ou d’une autre, à la stigmatisation. » Fait remarquable, les huit villes pointées d’un score négatif par cet Idahomètre sont sous l’administration d’un maire UMP.
Cette étude juge les municipalités sur deux critères principaux, chaque bonne pratique identifiée donne des points. Il y a l’action en interne, soit les ressources humaines et la formation. Réaliser un audit interne, établir une charte pour l’égalité ou mettre en place un dispositif d’alerte anonyme sont des choses que l’on peut faire. Et il y a les exemples concrets menés sur le terrain.
Ainsi, ont été pris en compte le soutien à des événements de sensibilisation ou à l’action d’associations mobilisées sur la question. Cela va de la formation donnée à la police municipale sur les questions LGBT pour mieux assumer les risques et les plaintes, comme cela a été organisé à Amiens. Autre exemple: à Metz, un accueil aux victimes a été proposé, en lien avec une association. D’autres questions rentrent en compte: existe-t-il des campagnes de sensibilisation pour inciter les victimes à porter plainte? Des enquêtes sur le sentiment d’insécurité de la population LGBT ont-elles été réalisées?
Enseigner les bonnes pratiques
Les villes françaises sont-elles donc foncièrement homophobes? Ce n’est pas la conclusion à tirer de ce résultat. Pour Roselyne Bachelot, « Beaucoup de gens ne sont simplement pas informés. Ce palmarès n’est pas une fin. » C’est plutôt le début d’un travail de sensibilisation, car ce n’est pas tant la note absolue qui compte, mais les initiatives relevées, à multiplier.
La lutte contre l’homophobie a ceci de compliqué qu’elle n’est pas simple à évaluer: peu d’études la quantifient, peu de faits sont réellement enregistrés, sous forme de plainte ou autre. « Vous voyez ici le premier travail de synthèse qui permet d’évaluer les politiques publiques en matière d’homophobie », explique l’avocate Caroline Mecary, membre du jury.
Le but n’est pas tant de stigmatiser les « canards boiteux » que de faire avancer la cause: de ce travail d’enquête, de terrain, a été tiré un guide des bonnes pratiques pour lutter contre l’homophobie, destiné aux municipalités qui chercheraient un moyen d’agir. Il sera envoyé à toutes les communes, et présenté chaque année aux assemblées générales des associations de maires. Ce baromètre sera réédité tous les deux ans.
bfmtv