Plusieurs cas récents montrent que l’homophobie au travail reste une vraie question. A la ville de Poitiers, on se dit mobilisé.
Ils ou elles sont homosexuel (le) s. Certains le cachent. D’autres pas, sans pour autant s’afficher. Ils travaillent dans les usines, les bureaux, les ateliers… Et parfois ont à souffrir de la bêtise, voire de l’effarante stupidité de leurs collègues ou supérieurs hiérarchiques…
Récemment, plusieurs cas d’homophobie dans les collectivités locales ont été révélés. A la ville de Poitiers, certains ont déjà fait l’objet de procédures judiciaires (condamnation d’un agent des ateliers municipaux qui avait collé des affiches à caractère homophobe sur le casier d’un collègue. NR du 18 janvier 2013) ou encore propos injurieux et agressions verbales entre deux agents du service Espace public (Ce dossier n’est pas clos)
Créer des cellules d’écoute
« C’est souvent le jour et la nuit entre le discours de nos hiérarchies et la réalité, remarque un agent sous le sceau de l’anonymat, dans cette collectivité il y a ceux qui s’en foutent, ceux qui nient toute discrimination et ceux qui agissent. L’homophobie, ça commence souvent par des petites allusions toutes bêtes et puis ça monte, ça monte… »
En 2011, une étude rendue publique par l’association L’Autre Cercle (*) et l’institut Randstad révélaient que les services des ressources humaines des organismes publics ou privés étaient encore « peu à l’aise pour aborder la question de l’homosexualité au travail. » Aujourd’hui, les mentalités semblent avoir un peu évolué. « Pas question pour nous de couvrir des faits d’homophobie, tranche Marc Barreau, le directeur général des services de la ville, il y a des choses qu’on ne tolère pas. A contrario, je n’accepte pas non plus cette victimisation que peuvent utiliser certains. Notre volonté, affirmée, réaffirmée c’est bien de lutter contre toutes les discriminations ».
Le patron des services reconnaît toutefois que des difficultés peuvent exister, au niveau des hiérarchies intermédiaires, « qui ne savent pas toujours comment s’y prendre. Les mentalités n’évoluent pas toujours très vite. Je ne jurerais pas qu’il n’y a pas de comportements inadaptés. » Depuis trois ans, cette vaste collectivité dans laquelle évoluent quelque 3.000 agents s’est dotée d’un plan de prévention en interne. Qu’est-ce qu’une discrimination, quelle est la bonne attitude à adopter ? A l’avenir, en collaboration avec la médecine préventive et le service social, des cellules d’écoute devraient être mises en place. « Notre travail au quotidien, ajoute Marc Barreau, cela va être aussi d’intégrer cette question dans notre plan de formation professionnelle. »
(*) L’Autre Cercle fédère des associations d’homosexuels ? lGBT, gays et lesbiennes luttant contre les discriminations et l’homophobie au travail. www.autrecercle.org
> Quinzième. C’est sur 50 le classement obtenu par la ville de Poitiers en matière de lutte contre l’homophobie. Ce palmarès vient d’être publié par le comité IDAHO et le mouvement « République et diversité ». Tout au long de l’année 2012, ces deux associations ont procédé à l’analyse des actions des 50 plus grandes villes de France dans ce domaine.
> En plein débat national sur le mariage pour les couples de même sexe, ce baromètre entend notamment réaffirmer la nécessité de lutter contre l’homophobie au niveau local.
> Classement et analyses sur www.idahofrance.org
Jean-Michel Gouin
