«Si vous pensez que vous pouvez être mon prince charmant, envoyez-moi une lettre détaillée avec au moins deux photos !»
Le profil de Magnotta, ancien effeuilleur et prostitué accusé de meurtre au premier degré, a été publié ce dimanche sur un site qui tente de mettre en contact des prisonniers solitaires :
«Je recherche un homme célibataire blanc, âgé entre 28 et 38 ans, en forme, peut-on lire sur son profil. Un homme fidèle, préférablement éduqué, financièrement et émotionnellement stable pour une relation à long terme. Si tu crois pouvoir être mon prince charmant… Seuls ceux que je juge compatibles recevront une réponse », poursuit-il sur son profil, qui inclut aussi son adresse postale actuelle. «Demandes sérieuses seulement s’il vous plaît. Toutes les lettres non sollicitées seront rejetées.»
Melissa Fazzina, qui a créé le site il y a environ quatre ans et demi, a indiqué que Magnotta lui avait fait parvenir les informations par le biais d’un contact. L’inscription et les frais d’adhésion de 35$ lui sont parvenus par la poste – les prisonniers n’ayant pas accès à Internet – il y a environ 10 jours.
«J’étais déconcertée », a-t-elle déclaré sachant que Magnotta recevait beaucoup de lettres d’admirateurs».
Cette annonce n’a pas manqué de surprendre Dong Dong Xu, un ami proche de l’étudiant assassiné Jun Lin.
«Je suis sous le choc, je ne sais pas quoi dire», a commenté celui qui avait témoigné lors du procès.
Mais rien n’empêche un détenu à correspondre avec l’extérieur.
En fait, cela est même encouragé, si l’on se fie aux directives de Service correctionnel Canada (SCC).
Le but est «d’encourager les détenus à établir et à entretenir des liens avec des membres de leur famille et de la collectivité», peut-on lire sur leur site web.
Chaque lettre est toutefois vérifiée, bien «qu’habituellement, on ne doit pas lire les lettres reçues ou envoyées par les détenus», souligne le SCC.
Mme Fazzina soupçonne que la vie du meurtrier est un peu plus calme depuis qu’il est enfermé dans une prison fédérale. Elle affirme avoir été informée que Magnotta, qui a la réputation de vouloir attirer l’attention, ne cherche pas la publicité :
«Plusieurs personnes penseront qu’il ne mérite pas de se retrouver sur le site ou d’avoir des communications avec le monde extérieur», a-t-elle dit, en reconnaissant que sa présence sur Internet pourrait faire du mal aux proches de sa victime.
«Je crois cependant qu’il a, comme tout le monde, le droit de se racheter et de tenter une réinsertion, et j’espère que ça fonctionnera aussi pour lui.»
Mme Fazzina a précisé qu’elle avait demandé à Magnotta de lui envoyer plus d’informations pour remplir son profil, dont la raison qui l’a poussé à s’inscrire, sa situation en prison et la raison pour laquelle il y est.
Au contraire de plusieurs de ses clients, le profil de Magnotta ne spécifie pas exactement pourquoi il a été emprisonné. Certains refusent de fournir cette information, dit-elle _ une approche qu’elle ne recommande pas s’ils veulent réellement trouver l’amour puisqu’ils semblent vouloir cacher quelque chose.
«Les gens peuvent toujours regarder sur Google de toute manière, n’est-ce pas?», a commenté Mme Fazzina.
Le site inclut des profils de gens incarcérés pour toutes sortes de raisons, allant du meurtre à la tentative de meurtre en passant par les agressions sexuelles. Mme Fazzina recommande aux utilisateurs d’être prudents lorsqu’ils interagissent avec les prisonniers, y compris Magnotta.
«Lorsque vous fréquentez le site, vous savez dans quoi vous vous embarquez, et ce, avec n’importe quel prisonnier, a-t-elle lancé. Peu importe la relation qui se développe, qu’elle soit bonne ou mauvaise, je ne suis pas responsable. Je ne suis que l’intermédiaire.»
Rappelons que Magnotta a filmé le démembrement de M. Lin avant de mettre la vidéo en ligne et d’envoyer des parties du cadavre par la poste aux bureaux du Parti conservateur et du Parti libéral, à Ottawa, puis dans des écoles de la Colombie-Britannique.
Magnotta s’est ensuite envolé vers l’Europe, ce qui a lancé une chasse à l’homme intercontinentale qui s’est conclue avec son arrestation dans un café de Berlin.
Avec La Presse Canadienne