Mains baladeuses au Vatican : Un ex-membre de la Garde suisse dit avoir été victime de harcèlement sexuel

Un ancien membre de la Garde suisse du Vatican, responsable de la sécurité du pape, affirme qu’il a été victime de harcèlement sexuel par des cardinaux, des évêques, des prêtres et d’autres responsables du Vatican dans une confession publiée dimanche dans le journal suisse « Schweiz am Sonntag ».

Il aurait reçu jusqu’à 20 « demandes sans ambiguïté » de membres du clergé, y compris un dignitaire proche de Jean-Paul II à l’époque où il appartenait au corps de sécurité de la cité pontificale.

Son expérience, dit-il, donne du crédit aux rumeurs récurrentes selon lesquelles un « lobby gay » existerait au Vatican.

L’ancien garde raconte notamment avoir été appelé dans le milieu de la nuit par un haut fonctionnaire qui l’a invité dans sa chambre.

Il rapporte avoir trouvé lors d’une autre occasion une bouteille de whisky dans sa chambre avec une carte de visite laissée par un évêque.

Un prêtre, affirme-t-il encore, l’a invité à dîner, en lui disant qu’il lui servirait de dessert.

L’ex-garde indique qu’il avait signalé ces cas à ses supérieurs, se plaignant de harcèlement, mais qu’il n’a reçu aucun soutien face à ces accusations.

Il dénonce « l’hypocrisie » de ceux qui s’opposent officiellement à l’homosexualité dans leur doctrine, mais tolèrent ou pratiquent l’homosexualité au sein de l’Eglise.

Le jeune homme estime qu’à son époque, 15 à 20 hommes d’Eglises constituaient le noyau dur du fameux « lobby gay ».

Selon lui, le pape n’était pas informé. « Il ne savait pas ce qui se tramait », affirme-t-il.

« Peut-être que serais commandant, si j’avais coopéré », commente l’ex-garde.

Le jeune homme dit, enfin, douter de la capacité du Pape François de changer les choses. « Il est tellement seul », estime-t-il.

>> Mains baladeuses au Vatican

G. n’est pas gai. Gay, il l’est peut-être (ou pas), mais gai, non. Plutôt amer. G. a été garde suisse au Vatican, essentiellement sous le pontificat de Jean-Paul II. Interrogé, sous le couvert de l’anonymat, par le journal dominical suisse alémanique Schweiz am Sonntag, cet ancien membre de la garde pontificale affirme avoir été régulièrement harcelé, pendant plusieurs années, à l’époque où il servait au Vatican. Alors jeune et joli garçon, il dit avoir été victime des mains baladeuses d’hommes d’Église haut placés.

Mais surtout, les avances incessantes des monsignori l’ont profondément dégoûté. « Alors que je rentrais chez moi vers minuit après une sortie, confie l’ancien garde, quelqu’un m’a appelé sur mon portable ». « Où es-tu? Que fais-tu? », interroge la voix en italien avant d’inviter son interlocuteur dans sa chambre. Intrigué, le soldat suisse demande à l’appelant de s’identifier. Sans complexe, l’homme donne son nom, celui d’un cardinal influent qui vit dans le palais du pape, tout près du Saint-Père. Mais le garde suisse croit être victime d’une mauvaise plaisanterie. Pour le rassurer, le cardinal donne alors son numéro de téléphone personnel. Après vérification, le garde découvre que le numéro est authentique. Plus tard, il va aussi reconnaître la voix du cardinal.

Selon G., il ne s’agit pas d’un cas isolé. « Entre 15 et 20 religieux » lui auraient fait des propositions indécentes. Parmi eux, des évêques, des cardinaux, des prêtres. G. affirme avoir été victime non seulement de paroles mais aussi d’attouchements par un collaborateur du Secrétariat d’Etat au Saint-Siège. Mais il est vrai que mettre tous ses gardes, grands, beaux et forts, au milieu de libidineux prélats de la cour papale peut se comparer à envoyer un régiment de playmates faire office de surveillantes dans un pensionnat de jeunes garçons pleins de sève.

« La mano de Dios »

Le pire selon G., c’est de n’avoir pas été pris au sérieux par sa hiérarchie. « Tu as dû mal comprendre, tu ne parles même pas l’italien », a été la réponse. Aujourd’hui encore, le corps des gardes suisses refuse d’évoquer le sujet. Dans Schweiz am Sonntag, Urs Breitenmoser, porte-parole de la garde pontificale, déclare, sans s’exprimer sur les faits dénoncés par G. que « la rumeur d’un réseau homosexuel au sein du Vatican ne préoccupe pas la garde suisse pontificale ». « Les préoccupations des gardes sont avant tout religieuses et militaires » ajoute le porte-parole tout en se refusant à plus de précisions.

En quarts de finale de la Coupe du Monde 1986, face à l’Angleterre, lorsqu’il avait marqué un but de la main (en faisant croire qu’il s’agissait d’un coup de tête), Diego Maradona avait déclaré que c’était « la mano de Dios » (« la main de Dieu »). Mais la main dans sa jolie culotte jaune et bleu de garde suisse, G. doute que cela ait été la main de Dieu.

Avec Eruc Azan est chef des informations du site Fait-religieux.com