Pour contrer une ordonnance de la ville de Charlotte autorisant les personnes transgenres à utiliser les toilettes de leur choix, l’ancien gouverneur républicain de la Caroline du Nord, Pat McCrory, promulguait en mars 2016 un texte imposant dans les établissements publics l’utilisation des vestiaires et W.C. selon l’identité sexuelle assignée à la naissance.
L’article interdisait également à tout citoyen d’intenter un procès pour violation de leurs droits humains en milieu professionnel et aux municipalités d’adopter des arrêtés ou règlements antidiscrimination. En lice pour un second mandat, McCrory comptait ainsi rassurer la frange la plus religieuse de son électorat. Mais, devant la controverse suscitée et la pression croissante de personnalités et d’entreprises, le 12 avril suivant, il restreignait la portée de cette loi, baptisée « HB2 » (pour « House Bill 2 »), aux écoles et bâtiments administratifs, laissant au secteur privé le choix de l’observer.
Dans une étude publiée mardi, l’agence Associated Press a calculé que l’initiative ferait perdre à la Caroline du Nord 3,76 milliards de dollars sur 12 ans. Au final, au-delà de l’image écornée, les arguments financiers ont ainsi emporté la décision. Et ce jeudi, les deux chambres de l’Assemblée générale se sont finalement prononcées en faveur « d’un compromis âprement négocié » (32 voix contre 16 au Sénat et 70 voix contre 48 à la Chambre des députés), a expliqué le nouveau gouverneur démocrate Roy Cooper :
« Ce n’est pas mon accord préféré, je sais qu’il ne corrige pas tout. Mais c’est le meilleur que nous pouvions obtenir », les élus républicains majoritaires ayant refusé une abrogation pure et simple, a-t-il assuré, en signant le texte, qui s’inscrit toutefois « dans le sens contraire de l’Histoire », a regretté l’organisation Human Rights Campaign.
Les conservateurs ont en effet obtenu que « seul l’État puisse légiférer sur les personnes transgenres » jusqu’en 2020, empêchant les municipalités ou les autorités locales de prendre leurs propres mesures. Elles ne sont donc plus protégées, la nouvelle administration de Donald Trump ayant déjà révoqué en février les directives fédérales de protection instaurées par le gouvernement d’Obama dans le système public de l’éducation pour permettre aux élèves d’utiliser les sanitaires et vestiaires selon le genre auquel ils s’identifiaient.
La « bataille des toilettes » devrait donc se poursuivre sur le terrain judiciaire et probablement jusqu’à la Cour suprême à Washington, les projets de loi anti-gay se multipliant depuis sur le territoire.
Valentine Monceau
stophomophobie.com