Il se promenait « maquillé, en talons », ce 14 février, dans le quartier de Kalaban-Coura, à Bamako, lorsqu’il a été pris « en grippe » par un groupe d’enfants, qui ont rapidement ameuté d’autres passants.
Le jeune homme a bien tenté de s’extirper, mais la foule s’est amassée pour le frapper, lui jetant pierres et injures, tout en le dénudant. D’autres ont choisi de fermer leur porte, pour éviter qu’il ne puisse trouver quelque refuge ou fuite salutaire. C’est un témoin, sans doute indigné par la scène, qui va finalement intervenir pour l’écarter de la masse et alerter la police. Âgé de 25 ans, le jeune a rejoint sa famille, le soir-même, mais sans déposer plainte.
L’agression, filmée et repartagée sur les réseaux, continue toutefois de faire polémique. Elle vient notamment d’être condamnée par Bouaré Bintou Founè Samaké, Présidente de Wildaf Mali (Women in law and development in Africa), qui dénonce « une atteinte aux droits humains ».
Présomption d’homosexualité ou pas, elle rappelle que la loi malienne n’autorise pas non plus les attaques de rue contre des personnes sur la base de leur orientation sexuelle. « L’homosexualité n’est pas une infraction. Les gens doivent donc comprendre que leur liberté s’arrête où commence celle des autres », martèle la militante. « Les personnes homosexuelles ont le droit d’exister » et « les auteurs de cette agression doivent être poursuivis », ajoute-t-elle, exhortant familles et communautés à s’ouvrir et débattre de la question.
Ce genre de vidéos, incitant à la haine et à la traque des LGBT, sont récurrentes dans le pays. Mais « s’ils sont identifiés, les agresseurs du lynchage seront interpellés », a assuré une source policière, citée par France 24, qui a retrouvé la boutique, devant laquelle se sont déroulées les violences.
La plupart des témoins connaissait la victime. « Ils en parlaient comme s’ils avaient eu affaire à un diable qui se baladait dans leur quartier », précise le journaliste qui a enquêté.