« Manif pour tous » aux Champs-Élysées : Frigide Barjot cherche à se poser en martyr

LE PLUS. Les opposants au mariage pour tous souhaitent défiler à Paris avant l’examen du projet de loi au Sénat le 4 avril prochain. Or, la préfecture de police de Paris leur a interdit. Mais ils n’entendent pas abandonner l’idée de descendre cette avenue touristique le 24 mars prochain. Une réaction qui n’étonne pas Giuseppe di Bella, co-responsable de Stop Homophobie.

Frigide Barjot et la « Manif pour tous », ça commence à ressembler à une véritable saga télévisée riche en rebondissements. Une sorte de « Dallas » à la française. On connait déjà la fin. Il n’y aura pas de « happy end » pour les opposants à l’égalité des couples de même sexe.

Après avoir tenté de gruger la SNCF pour obtenir des réductions, provoquant la colère des organisateurs du salon du livre, après avoir continué à vendre son livre « Touche pas à mon sexe » publié par les éditions « Mordicus » de Robert Ménard – pourtant interdit de vente –, lors de ses meetings qui se tiennent un peu partout en France, Frigide Barjot, l’auto-proclamée « attachée de presse de Jésus », continue d’en faire des tonnes. Ça frise le ridicule depuis belle lurette.

Nouveau rebondissement de taille : la Préfecture de police de Paris a publié un communiqué où elle indique que la « Manif pour tous » et ses participants ne seront pas autorisés à emprunter les Champs-Élysées lors de la manifestation prévue le 24 mars pour des « raisons impérieuses d’ordre public ».

Cette décision était prévisible. Ce n’est pas une surprise. Pouvait-on imaginer une seconde que la plus belle avenue du monde puisse être le théâtre d’un tel évènement qui ne fait pas honneur à notre pays et à ses valeurs d’égalité, offrant un triste spectacle aux nombreux touristes venant du monde entier qui s’y rendent quotidiennement ?

D’ailleurs, les organisateurs du collectif opposé au mariage et à l’adoption pour les couples de même sexe le savaient déjà depuis le 22 février. Le préfet de police de Paris leur avait déjà écrit pour leur signifier. Mais ils sont bornés. Ils veulent les Champs-Elysées et rien d’autre ! Quel entêtement ! C’est à en perdre son latin. Vraiment. Et ils n’hésitent pas à qualifier leur manifestation de « Printemps français », référence malvenue et indécente au « Printemps arabe ». Il s’agirait plutôt d’un « anti-Mai 68 » réac’.

Pourtant, la « Manif pour tous » n’a pas encore compris ce qui, pour tout le monde, semble être clair. Dans un communiqué publié sur son site internet, le mouvement fait mine de tomber des nues et s’insurge contre cette décision qu’il considère comme un « déni de démocratie ». C’est même la « liberté de réunion » qui est bafouée ! On emploie les grands mots pour se victimiser.

Malgré tout, le rassemblement sur les Champs-Elysées est toujours maintenu. La décision de la Préfecture de police de Paris est pourtant claire. Frigide Barjot chercherait-elle l’affrontement avec les forces de l’ordre pour faire d’elle une « martyr » ? C’est vraiment pathétique ! Et même Jean-François Copé, le président de l’UMP, appelle les militants de son parti à se mobiliser « en masse » le 24 mars…

Un « déni de démocratie »… Non mais, ils sont sérieux là ? L’engagement 31 de François Hollande figurait sur son programme électoral lorsqu’il était candidat à l’élection présidentielle. Il a été élu. Va-t-on lui reprocher de respecter sa promesse ? Il semble également qu’en démocratie, l’ensemble des citoyens doit bénéficier des mêmes droits, sans aucune distinction. Le droit au mariage et à l’adoption pour les couples de même sexe en est l’expression.

Manifester, y compris dans l’illégalité, pour refuser le droit à des couples de se marier, à leurs enfants d’être reconnus et d’être protégés par le droit, c’est là qu’est le véritable déni de démocratie. Il faudrait veiller à ne pas renverser les rôles ! C’est juste une atteinte, une insulte à la République française, dont la devise est « liberté, égalité, fraternité », il faut le rappeler.

Cette devise qui est inscrite sur tous les frontons de nos mairies où, dans quelques mois, les couples homosexuels pourront se marier. N’en déplaise à Frigide Barjot et aux responsables de « La Manif pour tous », ou plutôt de la « Manip pour tous, la Manip pour rien » !

Par Giuseppe Di Bella
Historien, citoyen engagé

source:http://leplus.nouvelobs.com